Aller au contenu directement

Attaque déjouée contre la politique sociale du logement

Non contente d’être parvenue à imposer sa vision mercantile du logement dans le périmètre de Seymaz-Sud, à Chêne-Bourg, la majorité de droite du Grand Conseil a tenté de s’offrir un doublé en s’en prenant dans la foulée au financement des logements d’utilité publique (LUP). A la clé d’un tel vote, un violent coup de frein à la création de logements contrôlés par la collectivité. Heureusement, le groupe socialiste a réussi à rallier une majorité pour s’y opposer.

Avec leurs loyers modérés, durablement contrôlés et non-soumis à la spéculation immobilière, les LUP représentent souvent le seul espoir pour de nombreux-ses Genevois et Genevoises de pouvoir se loger dignement dans un parc locatif marqué par la pénurie et la flambée des prix. Les ménages des classes moyennes et populaires en bénéficient également puisque beaucoup de ces logements, ne sont pas limités aux catégories de revenus les plus faibles mais leur sont également accessibles.

Mais alors que la part de ces logements atteint péniblement 12% du parc locatif genevois, loin des 20% fixés par la loi et – surtout – loin de permettre de couvrir l’entier des besoins de la population, la droite a tenté de siphonner le fonds dédié à leur création (communément appelé «fonds LUP»), au motif que celui-ci serait sous-utilisé. L’objectif affiché était celui de rediriger cet argent vers un autre usage, à savoir le financement d’équipements publics communaux, tout en déclarant s’en remettre aux acteurs privés pour le développement du logement abordable. Une gageure.

Un tel détournement aurait promis, à terme, d’assécher le fonds sans aucune plus-value pour les équipements publics, qui bénéficient déjà d’autres budgets – dont deux fonds intercommunaux (FIDU et FIE) financés par un mécanisme solidaire. Opposer et mettre en concurrence les besoins de la population en termes de logement et ceux en matière de places de crèches, écoles, infrastructures sportives, culturelles, etc. est absurde. Si ces derniers besoins sont indéniables, le fonds LUP demeure un outil de maîtrise foncière absolument nécessaire à la poursuite d’une politique sociale du logement.

S’il est vrai que les 35 millions annuels du fonds LUP ne sont pas intégralement utilisés, ce constat doit nous amener non pas à imaginer d’autres utilisations pour cette manne, mais bien au contraire, de mener une politique d’acquisition foncière plus active afin de construire davantage de LUP. Trop de communes, singulièrement sur la rive gauche, rechignent encore à développer sur leur sol du logement social, accessible aux plus précaires.

A l’heure des plans d’austérité et des velléités affichées du Canton de réaliser des économies sur le dos des communes, un tel engouement de la droite pour la dépense publique en matière d’infrastructures communales aurait de quoi réjouir, s’il ne s’accompagnait d’une mise en péril directe de la construction de LUP. Pour l’heure, le PS genevois est soulagé qu’une majorité ait pu être trouvée – et maintenue – pour s’opposer à l’inepte proposition de la droite de «déshabiller Pierre pour habiller Paul».

Lire le premier rapport de la commission du logement

Lire le second rapport de la commission du logement


Pour plus d’informations :

  • Caroline Marti, commissaire au logement et autrice du premier rapport de majorité
  • Caroline Renold, commissaire au logement et autrice du second rapport de majorité
  • Matthieu Jotterand, chef du groupe socialiste au Grand Conseil
  • Thomas Wenger, président du PS genevois