Alors qu’elle risquait d’être classée, le groupe socialiste a obtenu le renvoi en commission d’une pétition demandant d’interrompre la construction du centre fédéral d’attente et de départ du Grand-Saconnex. Après avoir retourné sa veste dans ce dossier en refusant de soutenir le texte, le Centre a finalement consenti à ce retour en commission. Espérons que de nouvelles auditions permettront aux ex-PDC de renouer avec leur engagement initial.
D’ici une année, le centre de renvoi prévu au Grand-Saconnex pourrait entrer en activité. Les travaux de construction ont en effet débuté, et ce malgré les très nombreuses oppositions qu’a suscité le projet (associations actives dans la défense des migrant-es, partis politiques, syndicats, etc.).
Pour mémoire, en mars 2019, le Grand Conseil lui-même (PDC compris) renvoyait au Conseil d’Etat une motion l’invitant à renoncer à la construction de ce centre. Par la suite, à trois reprises, le Conseil d’Etat y a répondu de manière insatisfaisante, se bornant à prétexter l’impuissance du Canton dans ce dossier face à la Confédération.
De nombreux éléments justifient pourtant de s’opposer fermement à l’ouverture de ce centre. Les conditions de vie qui y seront offertes relèvent de l’univers carcéral plutôt que d’un lieu d’accueil et sont indignes de la tradition humanitaire de Genève (lieux grillagés, autorisation nécessaire pour chaque sortie, horaires restrictifs, visites limitées, scolarisation à l’intérieur même du centre, etc.).
La situation géographique du centre est également problématique. Outre son incompatibilité évidente avec les traumatismes que peuvent générer un parcours en quête d’asile et une menace d’expulsion, la proximité du centre avec l’aéroport sera source de très fortes nuisances (en termes de pollution de l’air et de bruit, notamment). Il s’agit autrement dit d’un environnement malsain et inadapté pour accueillir des personnes fuyant la guerre ou la pauvreté.
Surtout, les Socialistes et leurs allié-es de gauche ont rappelé que plusieurs Centres fédéraux pour requérant-es d’asile ont été le théâtre d’actes de maltraitance (dont certains assimilables à de la torture), ainsi que l’a mis en lumière un rapport alarmant d’Amnesty en 2021. Le SEM lui-même l’a reconnu ; il existe un problème d’ordre systémique dans la politique d’asile en Suisse. Le Conseil fédéral a ainsi récemment mis en consultation un projet de modification de la législation dans ce domaine.
Mais alors que la motion de 2019 avait obtenu le soutien du Centre, et alors que ce parti faisait voter la veille encore une résolution demandant une meilleure prise en charge des jeunes migrant-es, ses député-es ont refusé de soutenir cette pétition. Tout juste ont-ils et elles fini par accepter la proposition socialiste d’un renvoi en commission.
Espérons que de nouvelles auditions, notamment d’Amnesty Suisse et de la Ligue suisse des droits de l’Homme (qui avaient été refusées lors du premier passage en commission) pourront avoir lieu et que le Centre renoue avec ses engagements initiaux en faveur des droits humains.
Ainsi que l’ont rappelé les Socialistes, un sujet aussi important doit transcender les clivages politiques et les calculs électoralistes.