Aller au contenu directement

Salaire minimum : 23 CHF c’est un strict minimum !

Par Lydia Schneider Hausser
Représentante du PS auprès du comité unitaire


Le salaire minimum (IN137) diminuera les inégalités de revenus et de ce fait, évitera la précarisation d’une part de plus en plus grande de la population. Toute personne qui travaille à 100 % aura ainsi les moyens de vivre de son activité professionnelle. Ceci d’autant plus qu’avec le confinement COVID-19 que nous venons de vivre, il a été démontré qu’il n’y avait pas de métiers plus importants que d’autres, que les vendeur-euse-s, les livreur-euse-s, les éboueur-euse-s, etc. étaient encore plus indispensables que l’on pouvait l’imaginer.

Genève est un canton riche ! Mais au bas de l’échelle des revenus, près de 10 % de la population, soit 30’000 travailleur-euse-s actif-ve-s, profitera d’une hausse de revenus si cette votation est acceptée. Rappelons que les femmes représentent les deux tiers de ces salarié-e-s et qu’elles sont particulièrement touchées par la précarité des bas salaires. Cette votation est un premier pas vers une diminution des écarts de salaire entre femmes et hommes.

À Genève, canton où les mesures de contrôle du marché du travail sont un peu plus efficaces qu’ailleurs (OCIRT, syndicats, Commission des mesures de protection du travail), plus de la moitié des travailleur-euse-s ne sont pas protégé-e-s par une convention collective de travail (CCT). Même sous CCT, certains secteurs d’activités n’atteignent pas un salaire horaire de 23 francs. Pour ces CCT, l’IN 137 offrira un plancher de revenu accordant aux travailleur-euse-s plus de poids dans les négociations sans pour autant se substituer aux autres règles en vigueur permettant de meilleurs salaires.

Les bas salaires coûtent à la collectivité publique, car ils ne permettent pas de subvenir au minimum vital. C’est alors aux contribuables de payer le manque à gagner au travers de prestations publiques : prestations complémentaires à la famille, aide sociale, subside Lamal, allocations logement.

Contrairement à ce que prétend le patronat, le salaire minimum est une bonne mesure pour avoir des employé-e-s disponibles, avec de meilleures performances car ne devant plus cumuler plusieurs emplois pour vivre. Sur le plan économique, augmenter le pouvoir d’achat des gens stimulera l’économie réelle et créera des emplois. Pour les entreprises qui respectent les règles salariales, le fait de prévenir le dumping salarial leur évitera de tomber dans de la concurrence déloyale. La plupart des entreprises genevoises ont vu, cette année, leur imposition diminuer (RFFA), leur créant ainsi une marge financière supplémentaire.

Les cantons de Neuchâtel et Jura ont un salaire minimum légal ; d’autres sont en attente de votations. Le Tribunal fédéral* a estimé que le salaire minimum est un instrument qui prévient la pauvreté, le salariat précaire et qu’il n’est pas contraire à la liberté économique. Rappelons qu’à Genève, nous avons plus de 5’000 ménages (PCFAM) qui sont concernés par ce phénomène de travailleur-euse-s pauvres, des gens qui n’arrivent pas à vivre avec le salaire de leur travail.

*Besprechung der Urteile des Bundesgerichts 2C_774/2014,2C_813/2014, 2C_815/2014 und 2C_816/2014 vom 21. Juli 2017, II.

 

Davide de Filippo : « Tout salaire devrait permettre de vivre ! »

 

Davide de Filippo,
Président de la CGAS et cosecrétaire général du SIT

 

Pourquoi votons-nous sur ce sujet le 27 septembre ?

Le salaire minimum légal est une revendication syndicale de longue date. Son acceptation à Neuchâtel,
confirmée par un jugement du Tribunal Fédéral, a ouvert de nouvelles possibilités au niveau cantonal et permis de remettre la question au goût du jour à Genève.

Si l’initiative est acceptée, les entreprises seront-elles contrôlées ? Des sanctions sont-elles prévues ?

L’initiative prévoit en effet un contrôle de la mise en application. L’OCIRT et l’IPE seront chargés d’effectuer ces contrôles. Les sanctions seront les mêmes que celles qui existent actuellement pour les autres infractions aux usages, à savoir des amendes ainsi qu’une éventuelle exclusion des marchés publics.

La crise du COVID a mis de nombreuses entreprises en difficultés. Comment leur demander d’augmenter les salaires alors que pour certaines la priorité est de ne pas mettre la clé sous la porte ?

Parmi les entreprises qui offrent actuellement des salaires inférieurs à 23.-/heure, beaucoup sont de grandes entreprises qui pourraient largement se permettre de payer ce salaire minimum. Pour les entreprises qui se trouveraient en réelle difficulté économique, nous ne sommes pas opposé-e-s à ce qu’il y ait des aides pour leur permettre de passer le cap comme par exemple la baisse des loyers commerciaux. On ne surmontera cette crise qu’avec un renforcement des mécanismes de répartition des richesses. Et les revalorisations salariales en font partie. C’est à terme bénéfique pour l’ensemble de l’économie, donc aussi pour les petites entreprises aujourd’hui en difficulté.

Peux-tu nous donner trois arguments en faveur du OUI ?

1. Tout salaire devrait permettre de vivre.

2. 2/3 des bas salaires concernent des femmes, c’est l’occasion d’un pas en avant concret vers plus d’égalité après la grève féministe du 14 juin 2019.

3. Face à la crise, il faut augmenter les salaires et non le contraire si nous voulons préserver l’emploi.

Propos recueillis par Clémence Peillex

A lire aussi

Protégeons le financement des services publics

Congé paternité : un premier pas vers l’égalité parentale

Fini les doubles standards : mariage pour toutes et tous, complet et égalitaire !