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L’initiative « Pour des soins dentaires accessibles à toute la population » franchit un cap

Jennifer Conti
Députée au Grand Conseil — Chargée de projets qualité dans une entreprise dédiée à la formation par la pratique

Jeudi soir l’initiative pour des soins dentaires a été renvoyée en commission de la santé. La majorité du Conseil d’Etat va proposer un contre-projet.

Pour rappel, l’initiative demande :

  1. un chèque de 300 francs pour des soins dentaires pour les personnes aux revenus modestes
  2. renforcer la prévention
  3. doter Genève d’un Dentiste cantonal 

Une initiative pour combler une lacune de notre système de santé

Notre système de santé est tellement efficient qu’il nous coûte des milliards sans pour autant être capable de prévoir le financement d’un détartrage annuel pour les Genevoises et Genevois qui en ont besoin. Alors que des dents mal soignées représentent un risque de développer des problèmes cardiovasculaires, d’insuffisance respiratoire, sans parler des impacts sur la nutrition et la capacité d’élocution.

Le Conseil d’Etat ne pouvait pas bénéficier d’un meilleur timing pour communiquer autour du refus de cette initiative : au lendemain d’une mobilisation sans précédente de la population et de la classe politique en faveur d’une refonte complète de notre système de santé !

Un argument contre qui ne tient pas la route

Avec un excédent aux comptes de 727 millions en 2022, l’Etat a largement les ressources pour financer ce que propose cette initiative, estimé à 40 millions de francs.

Pour la majorité du Conseil d’Etat, un chèque annuel de 300 francs, « […] n’est qu’une réponse partielle, car trop peu pour payer un traitement dentaire complet ». […] « Cela pourrait inciter une partie de la population concernée à ne pas [y] recourir, de peur de se voir détecter des problèmes dentaires plus conséquents et immédiatement impossibles à prendre en charge car dépassant leur budget. »[1]

Donc selon cet argument, mieux vaut laisser la population dans l’ignorance de son véritable état de santé, au moins elle ne sera pas stressée par les potentiels frais dentaires qu’elle ne pourra de toute manière pas se payer (!).

Prochaine étape : commission de la santé

A moins que cet argument contre, avancé par la majorité du Conseil d’Etat, aille plutôt dans le sens d’un contre-projet visant à répondre complètement à cette problématique en offrant non-pas un chèque de 300, mais de 500 francs par année (coût moyen par habitant-e et par an des frais dentaires selon l’OFS)… ? Nous le verrons lors des travaux à venir en commission de la santé.


[1] Rapport du Conseil d’Etat au Grand Conseil sur la prise en considération de l’initiative populaire cantonale 193 « Pour des soins dentaires accessibles à toute la population », pp.18-19. https://ge.ch/grandconseil/data/texte/IN00193A.pdf