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Un renforcement de l’action publique menée par un Etat social fort s’impose

Caroline Marti
Députée au Grand Conseil, cheffe de groupe — Secrétaire générale du Groupement des coopératives d'habitation genevoises

Le moins que l’on puisse dire c’est que ce ne fut pas chose aisée mais le groupe socialiste au Grand Conseil est fier d’avoir su trouver une majorité pour doter notre canton d’un budget ambitieux afin de répondre aux enjeux auxquels nous ferons face en 2023. 

Alors que nous n’en avons pas fini avec les conséquences sociales de la crise du COVID, l’inflation galopante et la crise énergétique viennent encore aggraver la situation économique des classes moyennes et populaires. À cela s’ajoute une crise humanitaire majeure avec une arrivée importante de réfugié-es auxquel-les nous devons offrir des conditions d’accueil dignes. 

En raison de ces crises successives, la réalité sociale de notre canton s’aggrave rapidement et les besoins de la population augmentent. Pour soutenir les habitant-es de notre canton, un renforcement de l’action publique menée par un État social fort s’impose et c’est ce que le Parti socialiste a résolument défendu dans le cadre de ce budget. Il n’est en effet pas sorcier de comprendre qu’on ne peut pas répondre à des besoins croissants avec un budget basé sur celui d’il y a deux ans. Le vote d’un budget est alors indispensable. Le groupe socialiste a pris ses responsabilités et n’a pas ménagé ses efforts pour obtenir une majorité budgétaire. 

La droite, incapable de percevoir cette réalité sociale, arc-boutée sur ses livres de comptes et obnubilée par le déficit, nous a servi pendant deux jours une mauvaise tragédie larmoyante. « Le déficit abyssal de ce budget est irresponsable » nous disent certain-es. « Ce sont nos enfants qui payeront la facture » ajoutent d’autres. « Les dépenses augmentent plus vite que la population, c’est la faute de la gauche » concluent les dernier-ères. Ce à quoi nous répondons :

  1. Un budget se base sur des projections financières alors que les comptes en reflètent la réalité. La santé financière d’une collectivité publique se mesure donc aux comptes et non pas au budget. Et le moins que l’on puisse dire c’est que d’un point de vue des finances publiques, le canton de Genève se porte bien. Au cours des 5 dernières années, quatre budgets étaient déficitaires. Au final, trois d’entre eux se sont en réalité soldés par des comptes positifs (voir très positifs). Les comptes sont régulièrement meilleurs de plusieurs centaines de millions de francs. 
  2. Le mythe d’une dette qui se creuse et que nous léguerions à nos enfants comme un fardeau est totalement faux. Au cours des dernières années, et en pleine crise sanitaire mondiale, nous avons… REMBOURSÉ une partie de notre dette !!! Par ailleurs, je prends le pari que les générations futures s’accommoderont bien mieux de quelques milliards de dette, que d’un État social défaillant, une cohésion sociale en miette, un système scolaire inégalitaire et une planète détruite. Or c’est immanquablement ce vers quoi nous dirigerons si on suit l’orthodoxie budgétaire prônée par le PLR et ses alliés.
  3. Oui c’est vrai, les dépenses augmentent plus rapidement que la population. Mais ce n’est certainement pas le fait d’une gauche dépensière qui jetterait l’argent par les fenêtres. D’abord, parce que la gauche n’a pas été majoritaire au Grand Conseil depuis 20 ans et ne l’est au Conseil d’État que depuis un an et demi. L’augmentation des dépenses s’est donc produite sous une majorité de droite. Ensuite, cette augmentation des dépenses n’est rien d’autre que le reflet d’une augmentation des besoins et une fragilisation des populations vulnérables. Alors que la population globale a augmenté de 9% en 10 ans, le nombre de personnes âgées de plus de 90 ans a augmenté de 42%, le nombre de personnes faisant l’objet d’une mesure de protection de l’adulte suivies par le SPAd a augmenté de 116% et le nombre de dossiers d’aide sociale a augmenté de 97%. Finalement, il faut relever que plusieurs millions de dépenses cantonales supplémentaires découlent directement de réformes fédérales combattues par la gauche mais votée par la droite. Qui a voulu libéraliser le marché de l’électricité ? La droite ! Coût pour l’État de Genève en 2023 : 37 millions. Qui a modifié la loi sur la santé pour que les cantons doivent payer la part résiduelle des soins, y compris pour les soins prodigués en cliniques privées ? La droite ! Coût pour les finances publiques genevoises : 50 millions. Qui a décidé du jour au lendemain qu’une caisse de pension publique ne pouvait plus fonctionner en capitalisation partielle mais devait être capitalisée à au moins 80% ? Encore la droite ! Coût pour le canton en 2023 : plus de 160 millions. Qui s’oppose systématiquement à l’augmentation des contrôles du niveau des loyers ? La droite toujours ! Résultat : les loyers (abusifs) augmentent et le canton doit augmenter ses allocations logement. 

C’est le hold up du siècle ! La droite puise dans les caisses de l’État pour servir les intérêts des cliniques privées, des assureurs, du secteurs financiers et pointe ensuite du doigt la gauche et les bénéficiaires des prestations sociales comme étant responsables de la hausse des dépenses. C’est inique mais nous ne nous laissons pas déstabiliser et resterons droits dans nos bottes pour défendre, avec conviction, l’intérêt général et les besoins de la population contre les intérêts privés.