Avoir la double majorité législative et exécutive et être incapable de prendre ses responsabilités : la droite genevoise se montre décidément peu à l’aise dans la gestion des finances. Pendant les quelques bonnes années conjoncturelles post-covid, elle a cru bon de tailler dans l’imposition des personnes physiques, suivie par le peuple alléché par la promesse que cela se ferait sans baisse de prestations.
A peine un an après la votation populaire, le constat est clair : le cycle conjoncturel a tourné et l’argent ne pousse toujours pas sur les arbres. Le projet de budget 2026, amputé de ces revenus, est nettement déficitaire, malgré son caractère déjà austère. Dans un souci de responsabilité politique, la gauche a voté en faveur de l’entrée en matière. La droite élargie l’a refusée, évitant soigneusement de prendre ses responsabilités.
Aujourd’hui, les inégalités explosent, les personnes devant recourir à l’aide sociale se multiplient et la fonction publique se mobilise contre l’enlisement planifié de son salaire. En parallèle, la droite englue Genève dans les « douzièmes provisoires ». Ces derniers évitent certes provisoirement les coupes mais ne répondent aucunement à l’évolution des besoins.
Dans un probable souci de dilution de sa responsabilité, le Conseil d’Etat a chargé un « expert » externe de pointer des idées d’économie, qui seront annoncées en mars. Les premières tendances pointent toutefois, sans surprise, une cible nette : les bénéficiaires de l’Hospice général, une stratégie absurde et court-termiste de chasse aux plus pauvres en lieu et place de la lutte contre la précarité.
Alors que Genève est objectivement une région aisée, la stratégie d’assèchement des robinets fiscaux afin de forcer à limiter les prestations est d’autant plus cynique. En effet, pendant que les besoins deviennent plus importants, les revenus de quelques personnes augmentent de manière déraisonnée et les inégalités explosent aussi par le haut.
La frontière virtuelle (par vidéosurveillance) souhaitée par Vandoeuvres le démontre : sous couvert de la lutte contre le home-jacking, c’est en réalité la protection d’un accaparement insoutenable du patrimoine par quelques ménages aisés qui est en jeu. La multiplication des cadeaux fiscaux de la part de la droite le rend toujours un peu plus criant. Faire subir des coupes à la fonction publiques, aux bénéficiaires de l’aide sociale et, de manière globale, à la population n’est pas acceptable dans ce contexte et une augmentation de la contribution fiscale des plus riches devra sans tarder être mise à l’ordre du jour.