Léna Strasser,
Députée au Grand Conseil, membre de la commission de l’agriculture et de l’environnement
L’initiative « pour une Suisse libre de pesticides » vise à éliminer de nos cultures, nos jardins, nos espaces verts, tous les pesticides de synthèse, ceux donc qui contiennent des compositions chimiques n’existant pas à l’état naturel. Les pesticides de synthèse sont ceux qui présentent les plus grands risques pour la biodiversité, les insectes, l’eau mais également pour la santé de la population. Des études montrent en effet qu’une exposition chronique à certains pesticides a des effets négatifs pour la santé, et ce même à de faibles concentrations.
Les agriculteur-trices aiment la terre qu’ils et elles cultivent et nombreux-ses sont celles et ceux qui font leur maximum actuellement pour n’utiliser les pesticides de synthèses qu’en dernier recours et de manière parcimonieuse, sans compter le nombre croissant d’agriculteur-rices qui s’en passent complètement, voire qui décident de répondre au cahier des charges de Bio Suisse. Mais aujourd’hui, cela ne suffit plus. Une agriculture qui détruit l’environnement et, donc, sa propre base de production n’a aucun avenir. D’autant plus que notre agriculture doit s’adapter aujourd’hui année après année au changement climatique.
La mise en œuvre d’un tel projet sera exigeante pour l’agriculture. Elle demandera d’engager des fonds afin de renforcer la recherche agronomique et la vulgarisation, pour assurer une production et des revenus suffisants aux paysan-nes en mettant à leur disposition des techniques modernes et innovantes ainsi que des produits naturels pour protéger leurs cultures. C’est pourquoi les initiant-es ont inclus une période de transition dans leur texte, afin de permettre à tou-tes d’adapter leurs pratiques. De plus, afin de protéger le commerce des produits nationaux sans pesticides, l’initiative prévoit également d’interdire l’importation à des fins commerciales de denrées alimentaires contenant des pesticides de synthèse ou pour la production desquelles de tels produits ont été utilisés.
Les citoyen-nes sont de plus en plus conscient-es que leurs choix en matière de consommation et d’alimentation ont un rôle à jouer sur leur santé mais également sur le climat et la biodiversité. Il est temps de prendre des mesures pour la sauvegarde des sols et de la biodiversité de notre territoire et d’envoyer un signal fort à l’assemblée fédérale en votant oui à cette initiative.
Alimentation locale sans pesticides, plus chère ?
Une étude de la Fédération Romande des Consommateur (2017) montre qu’une alimentation durable composée de produits de saison, locaux, sains et respectueux de l’environnement peut vous faire faire des économies. En comparant les paniers moyens issus des 6 régimes alimentaires types observés en Suisse, l’étude montre que passer du régime alimentaire moyen suisse à un régime FOODprints® sans pesticides de synthèse, permet d’économiser de l’argent, de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, tout en favorisant sa santé et donc les coûts inhérents à celle-ci. Mais il est vrai, cela demande un effort, celui d’adapter son comportement en mangeant moins de viande et de poisson, plus de fruits et de légumes de saison notamment.
En savoir plus sur l’initiative : www.lebenstattgift.ch
Approfondir le sujet : www.pesticides-en-question.ch