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Initiatives Eau propre et Suisse sans pesticides de synthèse : un bon choix d’avenir pour notre agriculture

René Longet,
expert en développement durable


Les Socialistes sont convaincu-es que l’agriculture a besoin d’un soutien public, car les prestations qu’elle fournit ne peuvent pas être toutes financées sur les marchés. Par contre il importe de savoir à quoi sont utilisés les montants importants alloués à l’agriculture. Le 13 juin, nous voterons sur deux initiatives populaires aidant à mieux définir ce qui est attendu de cette branche économique.
La première, appelée « Eau propre », conditionne les paiements directs au respect de la biodiversité, à la non-utilisation de pesticides et d’antibiotiques et à un effectif d’animaux correspondant à la capacité fourragère de l’exploitation. Ce sont là autant d’extensions des « Prestations écologiques requises » inscrites dans la loi sur l’agriculture. Quant à la seconde, elle interdit les produits phytosanitaires de synthèse, interdiction qui s’appliquerait aussi aux denrées importées.
Ces enjeux environnementaux ne sont pas optionnels ; il s’agit de la base de la productivité future, le court-termisme se révélant ici aussi particulièrement ravageur. Parmi les approches permettant d’y répondre figure en premier lieu l’agriculture biologique. Avec ses pratiques éprouvées depuis un siècle, elle concerne un sixième de la surface agricole suisse.
Certes le bio produit moins. Mais nous mangeons trop, et les denrées bio, moins gorgées d’eau, contiennent davantage de nutriments. Ces rendements plus faibles et le plus fort besoin de main d’œuvre rendent le bio plus cher. Toutefois, divers intermédiaires prélèvent des marges excessives, et la part de l’alimentation dans notre budget est tombée à 6% ; une alimentation plus saine est clairement un enjeu de santé publique.
Pour les catégories socialement fragiles, l’idée de bons alimentaires bio fait son chemin ; puisqu’on subventionne la production agricole, il n’y a pas de raison de ne pas subventionner aussi la consommation, afin d’assurer le droit « à une alimentation saine, nutritive et suffisante » affirmé par les Nations Unies.
Pour leur mise en œuvre, les deux initiatives prévoient des délais de transition de 8 et 10 ans. Dans 8 ou 10 ans nous serons… en 2030, et d’ici là, les changements des habitudes agro-alimentaires seront devenus inéluctables, et pas seulement en Suisse, devant les enjeux du climat et de la biodiversité. Or si on veut y arriver pour 2030, c’est bien maintenant qu’il faut changer de cap.

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