Aller au contenu directement

L’islamophobie sexiste de l’initiative anti-burqa ne connaît pas de limites !

Par Kaya Pawlowska,
Coprésidente du Groupe égalité du PS genevois


Le 7 mars 2021, le peuple souverain se prononcera sur l’initiative de l’Union Démocratique du Centre visant à interdire la dissimulation du visage sur notre territoire. Les arguments de l’UDC voilent à peine la nature autoritaire, islamophobe et sexiste de l’initiative qui prend pour cible à abattre la figure démoniaque de la femme en burqa, héroïne malgré elle des affiches de campagne de l’UDC.

Tout comme l’initiative contre les minarets il y a onze ans, l’initiative actuelle flirte avec l’irrecevabilité puisque les cas de dissimulation du visage ont été jugés par le Conseil fédéral comme un « phénomène marginal » qui concerne principalement quelques touristes des pays du Golfe. L’élément factuel écarté, il semble que ce soit le malaise diffus que provoque la burqa qui gêne le plus la population. Cet avis est partagé par une partie des juges à la Cour européenne des droits de l’Homme de Strasbourg dans le jugement de la loi française sur la laïcité : le « malaise » provoqué par le voile est une notion trop abstraite pour restreindre la liberté de religion. Si la brèche devait s’ouvrir, ce même « malaise » pourrait servir à justifier, en Russie ou en Hongrie par exemple, la recriminalisation de l’homosexualité.

À ce stade, une approche intersectionnelle et féministe est requise pour recentrer le débat vers des arguments objectifs et non sentimentaux.
Premièrement, la femme musulmane visée par cette initiative est un individu protégé par des droits humains universels. Sa liberté de religion est inaliénable et indiscutable. Si aliénation il y a et le port de la burqa n’est pas le fruit d’un choix personnel, le Code pénal suisse prévoit une interdiction de la contrainte à l’article 181 CP. En outre, toute velléité de définir ce qu’une femme peut ou ne peut pas porter rappelle que le corps des femmes ne peut devenir l’enjeu de l’exercice d’un pouvoir patriarcal obscurantiste dont il faut se défier.

En second lieu, la femme issue de la communauté musulmane se retrouve à l’intersection de deux systèmes de domination sociale : le sexisme et le racisme. Dans le cas de l’initiative de l’UDC, une politique qui paraît lutter contre les inégalités de genre se révèle être une instrumentalisation au service d’un agenda sexiste et islamophobe. En prenant du recul, l’intersectionnalité féministe peut être un bon indicateur pour juger des doubles discriminations que vivent notamment les femmes handicapées ou les femmes racisées. Par ailleurs, au sein du Parti socialiste genevois, ce concept important peut être un outil très utile pour penser l’hétérogénéité de nos membres et réfléchir les oppressions sans prendre le risque de les hiérarchiser ou de les généraliser.

 


Les foulards violets

En marge du débat sur l’initiative “anti-burqa”, le groupe Égalité a reçu le collectif Les foulards violets. L’occasion d’entendre le témoignage de femmes* directement concernées. Elles ont remarquablement démontré le caractère sexiste, raciste, islamophobe, patriarcal et paternaliste de l’initiative. Les discussions ont porté sur la situation à Genève, la notion de labyrinthe de verre, les femmes musulmanes portant le foulard dans les pays anglo-saxons, plus tolérants à cet égard, ou encore la légitimité de la parole…

Nous remercions les deux brillantes femmes pour leur prise de position, à retrouver ici : www.lesfoulardsviolets.org

A lire aussi

Conseil d’État : une année de présidence plutôt particulière

Non à l’Accord de libre-échange avec l’Indonésie !

Le 7 mars, renforçons les mailles du filet social !