Caroline Marti
Députée et cheffe de groupe
L’explosion des besoins sociaux engendrés par la crise COVID de même que l’urgence climatique commandaient l’élaboration d’un budget 2022 qui réponde de manière immédiate et massive à ces problématiques. Même si les réponses en la matière restent encore trop timides, force est de constater qu’un changement de cap a été opéré par la nouvelle majorité de gauche du Conseil d’État. Ainsi, le projet de budget 2022 prévoit un renfoncement des services qui délivrent les prestations sociales en forte augmentation, l’engagement de près de 180 personnes dans l’enseignement pour faire face à la hausse de la démographie et développer les équipes pluridisciplinaires pour soutenir les élèves en difficulté, l’ouverture de place dans les EPH et un renforcement de l’Hospice général pour améliorer l’accompagnement des bénéficiaires et réduire la durée de prise en charge.
Les investissements, qui permettront d’amorcer sans tarder notre transition écologique et relancer notre économie locale sont également en forte hausse.
Toutefois, les besoins augmentent malheureusement plus fortement que les moyens et les dépenses sociales et de santé notamment se devront d’être plus ambitieuses si nous voulons pallier les conséquences durables de la crise du COVID sur l’endettement des ménages des classes moyennes et populaires et la précarisation massive de celles-ci.
Aujourd’hui, un endettement supplémentaire du Canton est parfaitement soutenable au regard des taux d’intérêt historiquement bas. Nous devons accepter que les coûts d’une telle crise s’amortissent sur des décennies. Réduire les dépenses pour s’accrocher au mirage d’un équilibre budgétaire à tout prix serait, en termes économiques, sociaux et environnementaux, la plus mauvaise des idées, un « remède » pire que le mal que la droite libérale cherche déjà à nous faire avaler avec son initiative pour le gel des embauches, une initiative qu’il conviendra de combattre avec la plus grande vigueur. Malheureusement, il semble que ce soit également cette logique du retour à l’équilibre budgétaire que le Conseil d’État ait décidé de suivre à moyen terme, comme en témoigne le Plan financier quadriennal présenté en parallèle du budget 2022. Celui-ci prévoit en effet de faire largement passer à la caisse les collaborateur-trices de l’État et du secteur subventionné. Reconduction du gel des annuités une année sur deux, modification du taux de cotisations des caisses de pensions publiques (CPEG, caisse de la police et TPG) en défaveur des salarié-es ou encore l’affiliation de l’État à une assurance perte de gain maladie privée sont autant de mesures qui réduiront le salaire de la fonction publique et que nous nous engageons à combattre. Ce n’est pas aux travailleur-euses des services publics, qui ont été au front pendant la crise et qui ont montré une fois encore leur rôle systématique, de payer le coût de cette crise.
Face à une droite qui resserre les rangs pour protéger les intérêts des plus privilégié-es, il nous faudra redoubler d’efforts pour susciter de nouvelles recettes fiscales notamment à travers la réforme de l’imposition du patrimoine immobilier (RPI) ou l’initiative lancée par les syndicats et les partis de l’Alternative pour une augmentation temporaire de l’impôt sur les grandes fortunes.