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L’égalité. Encore et encore et encore…

Oriana Brücker
Conseillère municipale en Ville de Genève, Députée suppléante — Éthicienne

Le 2 décembre 2019, parmi les 246 personnes qui prêtaient serment aux Chambres fédérales, 96 étaient des femmes. Par rapport à la législature précédente, la représentation féminine passait de 28% à 39%. Cette augmentation bénéficiait sûrement de l’influence du mouvement international #MeToo, initié en 2017, ainsi que de la première Grève féministe du 14 juin 2019. Mais pour le Parti socialiste, pionnier depuis ses origines dans la lutte pour l’égalité entre hommes et femmes, elle était un pas en avant vers une égalité qui reste à réaliser.

À l’heure des bilans et sur le plan justement de l’égalité, on peut affirmer que cette législature a connu des victoires, mais aussi des échecs. La récente révision du droit pénal sexuel[1], qui améliore l’autodétermination des femmes, avec la reconnaissance des situations de sidération et la pénalisation de la revanche pornographique, représente une victoire historique. L’extension de la norme pénale contre les discriminations, le mariage pour tous et l’initiative sur les soins infirmiers, ont aussi été des conquêtes importantes.

Mais le vote populaire sur AVS21 et la révision du parlement sur la LPP21 pénalisent tout particulièrement les femmes. L’égalité salariale n’est toujours pas réalisée et l’écart global de revenu entre femmes et hommes sur l’entier d’une vie atteint actuellement le chiffre de 43%[2]. La répartition des tâches domestiques au sein du couple reste inégalitaire, avec le 60% du travail de care abattu par les femmes.

Beaucoup reste à faire, non seulement pour réaliser l’article constitutionnel sur l’égalité, mais aussi pour diminuer les souffrances dans la population. Le traitement des violences domestiques et des féminicides (on compte une victime toutes les deux semaines en Suisse[3]) s’améliore. Mais la prévention et l’éducation doivent aussi progresser. Les stéréotypes de genre persistent dans l’appareil judiciaire et dans le monde médical. On sait que la prise en charges de la dépression et de l’anxiété est sous-estimée chez les hommes et que la douleur est sous-évaluée chez les femmes. Alors que le marché mondial des FemTech[4] est évalué à 1’000 milliards de francs sur les prochaines cinq années, les investisseurs, encore presque exclusivement des hommes, manquent à l’appel.

Dans l’actuelle campagne pour les prochaines élections fédérales du 22 octobre, la droite nous reproche de nous battre « encore » pour l’égalité, une revendication, selon elle, peu sérieuse face à ce qu’elle considère être le vrai enjeu de la politique nationale : l’immigration et l’attractivité économique de la Suisse… Nous savons très bien que l’élimination des inégalités sur le marché de l’emploi augmente le PIB[5] et que la défense des droits des femmes améliore la situation économique des Pays les plus pauvres. L’égalité n’est pas une valeur faible : elle est au cœur de la justice sociale et de la richesse de chaque pays. Le Parti socialiste est là pour le rappeler. Encore. Et encore. Et encore.


[1]   https://www.sp-ps.ch/fr/artikel/decision-historique-le-parlement-adopte-le-nouveau-droit-penal-en-matiere-sexuelle/

[2]   https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-90256.html

[3]   https://www.stopfemizid.ch/francais

[4]   Technologies appliquées à la santé des femmes

[5]   https://eige.europa.eu/sites/default/files/documents/2017.2083_mh0217178frn_pdfweb_20171130122528.pdf

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