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Marché du travail : protéger les droits sociaux des femmes et concrétiser sans plus attendre l’égalité salariale!

Caroline Marti
Députée au Grand Conseil, cheffe de groupe — Secrétaire générale du Groupement des coopératives d'habitation genevoises

En 1981, l’égalité salariale entre femmes et hommes est inscrite dans la Constitution suisse. Supposée concrétiser ce principe constitutionnel, la Loi sur l’égalité (Leg) entre en vigueur en 1996. Et à peine 26 ans plus tard, les écarts salariaux entre femmes et hommes en Suisse ont été réduits… d’un gros tiers (ils sont passés de 28% en 1996 à 18% en 2022). A ce rythme-là, nous obtiendrons l’égalité salariale autour de l’an 2065 ! Ces inégalités sont, il est vrai, moins importantes à Genève mais elles ne restent pas moins substantielles et profondément inacceptables. Alors que la marche vers l’égalité salariale entre femmes et hommes progresse à pas de fourmis, le droit des femmes dans le domaine du travail a quant à lui fait un énorme bond en arrière le 25 septembre dernier avec l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. 

Face à ce constat rageant, les groupes Socialiste, Ensemble à Gauche et Verts au Grand Conseil se sont retroussés les manches et proposent trois mesures concrètes pour renforcer les droits des travailleuses à Genève et améliorer l’égalité salariale entre femmes et hommes. 

Il s’agit tout d’abord d’un projet de loi introduisant une rente-pont AVS pour que les femmes puissent continuer à prendre leur retraite à 64 ans. Ce projet de loi revient sur une net détérioration des droits des femmes dans le monde du travail et permet également de faire respecter la volonté des électeur-trices genevois-es qui ont massivement rejeté l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes. 

Deux autres projets de loi proposent d’introduire dans la loi sur la caisse de pension de l’État et dans la loi sur le traitement du personnel, en plus du principe actuel de pénibilité physique, un nouveau principe de pénibilité psychologique. Cela permettra ainsi, pour les personnes dont la pénibilité psychologique de leur fonction est reconnue, de bénéficier d’une retraite anticipée. Cela imposera également au Conseil d’État de tenir compte de la pénibilité psychologique d’une profession lors de l’établissement de la classe de fonction et ainsi, permettra une meilleure valorisation salariale de ces métiers. 

Finalement, un dernier projet de loi propose, dans l’attente d’une réforme générale de la grille salariale de l’État, d’offrir une augmentation salariale d’un peu plus de 8% pour le personnel de la fonction publique et du secteur subventionné œuvrant dans le domaine de la santé, du social et du nettoyage.  

Par l’introduction du critère de pénibilité psychologique, couplé à une hausse des salaires des métiers de la santé, du social et du nettoyage, on revalorise des professions très majoritairement féminines et on contribue ainsi à combler les inégalités salariales entre femmes et homme. 

Mais ces projets nous invitent également à nous questionner sur l’utilité sociale des différentes professions et la valeur que nous donnons à ces fonctions. S’ils sont peut-être moins rentables financièrement, les métiers de l’humain sont pourtant absolument essentiels au bon fonctionnement de notre société comme nous l’a enseigné la récente pandémie de Covid. Pourquoi les HUG sont astreints de prévoir un service minimum en cas de grève alors que les autres secteurs économiques ne le sont pas ? Parce qu’à l’hôpital, si les infirmier-ères quittent le lit des patient-es en soins intensifs ou les nettoyeur-euse-s arrêtent de désinfecter les blocs opératoires ; des gens meurent. Il est donc grand temps que le niveau de rémunération d’une profession reflète plus fidèlement le bien-être social qu’elle produit. 

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