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Pour un 8 mars féministe et révolutionnaire

Kaya Pawlowska
Pour les Femmes socialistes genevoises

Cher-ères camarades,

Au Mexique, au Canada, en France, en Espagne, au Nigéria, en Thaïlande et un peu partout dans le monde, les femmes* vont faire grève le dimanche 8 mars 2020. La dimension internationale de cette journée est ancrée depuis longtemps dans les esprits, mais depuis plusieurs années et sous l’impulsion des féministes espagnoles, elle prend de plus en plus souvent la forme d’une grève féministe.

Alors pourquoi faire grève ? Symboliquement, la grève est indissociable des mouvements de protestation ouvriers. Elle nous rappelle les origines socialistes de la Journée du 8 mars. En 1910, la deuxième Conférence Internationale des Femmes se réunit à Copenhague. Pour se différencier notamment des féministes bourgeoises, la féministe révolutionnaire Clara Zetkin propose l’organisation d’une Journée internationale des femmes. La journée aura lieu en mars pendant plusieurs années, sera oubliée un temps, puis repêchée par le pouvoir soviétique comme « Journée des ouvrières ». La dérive commence là. En Occident, la Journée devient celle de la femme-ménagère ; être dépendant du patriarcat du salaire, soutien domestique indispensable de l’homme dans la famille nucléaire. En U.R.S.S, la Journée devient celle de la femme-ouvrière ; celle dont la valeur tient à sa capacité de travail productif et dont l’émancipation est conditionnée par sa capacité à faire au moins aussi bien qu’un homme. Ces conceptions sont encore présentes. En Russie, on célèbre la féminité domestique comme à la Saint Valentin en offrant des fleurs. En Angleterre, les magasins en ligne font des rabais sur les sous-vêtements. Dans de nombreuses grandes « boîtes », on met en avant les superwomen qui ont réussi à mener de front leur travail et leur vie familiale, les parfaites ouvrières.

N’en déplaise à Marx, il est temps de faire grève au nom du travail reproductif : le nettoyage, les soins aux proches, l’éducation et la garde des enfants. Ces quelques heures de la double journée assumées principalement par les femmes* et qui représentent 293 milliards de francs suisses par année dans notre pays. Cela tombe bien, les collectifs de la grève féministe ont choisi la thématique « le temps des femmes* » pour ce 8 mars 2020. Le groupe égalité du PSG a décidé de leur emboîter le pas, coronavirus ou pas, et de se joindre aux activités décentralisées qui auront lieu dans tous le Canton.

Féministement,

Kaya

*Toute personne qui n’est pas un homme cisgenre (soit un homme qui se reconnaît dans le genre qui lui a été assigné à la naissance)

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