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De l’UDC à LJS : offensive majeure de l’alliance de droite contre les services publics

Les débats au Grand Conseil sur les projets de loi 12574 et 12575 marquent le retour, à peine déguisé, du projet de «Personal Stop» du PLR, lequel avait déjà posé les premiers jalons de cette funeste entreprise il y a 10 ans, dans le cadre d’un renforcement du frein à l’endettement. Si elle n’avait été interrompue in extremis par la Conseillère d’État PLR (!) Nathalie Fontanet, qui a refusé de demander le 3e débat, cette nouvelle étape dans le combat de la droite pour affaiblir l’État et les services publics aurait franchi la ligne rouge.

Les deux projets de lois discutés ce jour et soutenus par une majorité de droite élargie composée de l’UDC, du PLR, du Centre et de LJS prévoient qu’en cas de budget déficitaire, aucun poste supplémentaire ne puisse être créé à l’État (PL 12575) et que la croissance globale des charges soit strictement limitée à l’augmentation démographique (PL 12574). Exceptionnellement, une augmentation de 1% des charges, respectivement la création de postes dans une proportion strictement égale à l’augmentation de la population, peuvent être admis, à la condition toutefois que 2/3 du parlement y soient favorables.

Autant dire qu’avec un tel cadre légal, il sera absolument impossible de maintenir le niveau des prestations à la population et la qualité du service public dans notre canton. En filigrane, c’est bien le refus de tout budget déficitaire qu’il faut lire dans ces propositions et l’annonce de coupes massives dans les prestations.

Une position complètement «hors-sol», aussi absurde que dangereuse. D’ailleurs, la Conseillère d’État PLR, en ne demandant pas le 3e débat, repoussant ainsi le vote final, se donne un mois pour ramener son groupe à la raison.

L’évolution démographique n’est pas celle des besoins !

C’est être complètement aveugle à la réalité sociale que de penser que le critère de l’augmentation démographique est un critère suffisant pour définir les moyens dont l’État devrait se doter pour répondre aux besoins de la population.

Que l’on pense aux effets des crises économiques, mais aussi humanitaires, sanitaires ou écologiques, qui ne tardent jamais à se muer en crises sociales et dont les effets en termes d’augmentation des besoins au sein de la population se font souvent encore sentir des années, voire des décennies après.

A cela s’ajoutent les transformations structurelles d’ordre socio-démographique que nul ne peut feindre d’ignorer, au premier rang desquelles le vieillissement de la population et avec lui l’augmentation massive des besoins de prise en charge sociale et médicale de personnes vulnérables.

Mentionnons également l’explosion des troubles observée ces dernières années chez les jeunes enfants, qui sont de plus en plus nombreux à avoir besoin d’un suivi éducatif et pédagogique spécialisé.

Enfin bien sûr, il y a l’augmentation généralisée du coût de la vie, loyers et primes d’assurance-maladie en tête, qui vient encore de se renforcer sous le coup de l’inflation et de la remontée des taux.

Le creusement des inégalités et la précarisation croissante qui caractérisent Genève depuis tant d’années ont conduit à une explosion des besoins dans presque tous les domaines. Ne pas voir cela, c’est faire preuve d’une grave et coupable cécité.

Augmentation des besoins + stagnation des moyens = baisse des prestations !

A l’heure des débats budgétaires, il faut le dire clairement: l’absence de moyens supplémentaires dans un contexte d’augmentation des besoins équivaut inéluctablement à une dégradation des prestations.

Les hypothétiques «économies d’échelle» ou «gains d’efficience» que brandit systématiquement le PLR comme une baguette magique ont déjà été poussés à l’extrême et atteint leurs limites dans nombre de services de l’État, aujourd’hui complètement dépassés.

A charges constantes, comment aider les personnes aux revenus modestes qui ne parviennent plus à se loger ou à payer leur assurance maladie ? Comment soutenir la classe moyenne face à l’inflation ? Comment permettre aux enfants à besoins spécifiques de suivre un enseignement régulier ? Comment faire face à des situations exceptionnelles telles que celles que nous avons vécues en lien avec la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine ou encore les drames humanitaires à Gaza et dans le Haut-Karabagh ?

La bonne santé financière d’un canton se mesure au moment des comptes, pas du budget !

Les finances de notre Canton se portent bien – en témoigne l’excédent record comptabilisé pas plus tard qu’en août cette année, 3 ans à peine après une pandémie qui a mis l’économie mondiale à l’arrêt.

La manœuvre du PLR, et avec lui de la droite dans son ensemble (UDC, LC, LJS), consiste en réalité à se cacher derrière des normes légales pour ne pas assumer un projet et des choix éminemment politiques.

Les masques sont tombés, notamment ceux des député-es LJS qui avaient pourtant promis pendant leur campagne que le parti de Pierre Maudet n’était «ni de gauche, ni de droite» et voterait de manière pragmatique, projet par projet. Cette promesse n’aura pas tenu 6 mois. LJS est bien un parti de droite, plus de doute possible.

A peine 24 heures après le vote en commission d’un nouveau budget au rabais et largement insuffisant pour répondre aux besoins de la population, la cynique alliance persiste et signe donc dans son dessein de saigner les services publics. Au détriment de l’immense majorité de la population.

Si ces deux projets de lois venaient à être votés, le PS et Les Vert-e-s genevois lanceront un référendum pour que la population ait le dernier mot.

Pour plus d’informations :

  • Caroline Marti, députée, commissaire aux finances et cheffe du groupe socialiste
  • Marjorie de Chastonay, députée verte et commissaire aux finances
  • Thomas Wenger, député socialiste, commissaire aux finances et Président du PS genevois
  • Delphine Klopfenstein Broggini, Présidente des Vert-e-s genevois-es
Thématiques associées: Services publics et droits sociaux

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