A la demande du Conseil d’État, la commission des finances s’est prononcée hier soir sur des crédits complémentaires pour le budget 2020. C’est avec consternation que les partis de l’alternative ont pris connaissance de l’attitude unilatérale de la droite (UDC, MCG, PLR et PDC), qui a balayé la quasi-totalité des postes demandés. Cette posture affligeante aura des conséquences directes sur les prestations à la population et les services publics. Au final, ce sont les Genevoises et les Genevois qui vont en faire les frais.
Parmi ces nombreux refus de postes supplémentaires, citons notamment les conséquences suivantes :
Augmentation des effectifs par classe et déplacements d’élèves au primaire
Avec une démographie en hausse, le nombre d’élèves augmente dans les établissements primaires (850 élèves supplémentaires sont prévus à la rentrée 2020), ce qui entraîne un besoin supplémentaire en personnel (+36 postes). Avec le refus de ces postes, quelle sera la structure des classes à l’avenir ? Devra-t-on augmenter le nombre d’élèves par classe et mettre ainsi en péril la qualité de l’enseignement ? Doit-on envisager de déplacer les élèves pour « rentabiliser » les classes ? La droite sait couper dans les budgets mais ne sait pas répondre à ces questions pourtant essentielles !
Formation obligatoire jusqu’à 18 ans : des jeunes restent sur le carreau
Avec le refus de 11 postes supplémentaires prévus pour différents programmes d’accompagnement des jeunes les plus fragiles et de renforcement de l’apprentissage, la droite abandonne des dizaines de jeunes dans des voies sans issue. De nombreux-ses jeunes élèves ayant décroché du système scolaire en pâtiront directement, alors même que la formation jusqu’à 18 ans est une obligation constitutionnelle.
La prise en charge d’élèves à besoins particuliers en danger
La droite a rejeté les 40 postes indispensables à la prise en charge d’élèves à besoins particuliers. Ainsi, ce sont des dizaines d’enfants qui ne pourront pas être accueillis à la prochaine rentrée scolaire, ni dans les établissements spécialisés qui manquent de moyens, ni dans l’enseignement régulier, déjà sous tension. De plus, alors que la motion 2247 pour un plan d’action pour l’école et la formation inclusive a été votée à l’unanimité du Grand Conseil, la droite a refusé les postes pour les équipes pluridisciplinaires (éducateurs, etc.) qui soutiennent les enseignants à l’école primaire.
Des hospitalisations sociales au lieu d’une vraie prise en charge en foyer
Faute de places disponibles, de nombreuses familles sont en attente de voir leur enfant en situation de handicap mental pris en charge par une institution. Le foyer de Mancy aurait dû être doté de 10.1 postes supplémentaires afin d’ouvrir de nouvelles places d’accueil. De nombreuses familles vont encore devoir attendre avant de se voir offrir une solution d’accueil adaptée aux besoins de leur enfant. Faute de places, ces familles se retrouvent aujourd’hui dans des situations parfois dramatiques qui peuvent conduire à des hospitalisations sociales, bien plus coûteuses qu’une place dans un foyer.
Adolescent-e-s souffrant de troubles psychiques sévères : un risque majeur pour toutes et tous
En refusant de créer des postes nécessaires à l’accueil d’adolescent-e-s souffrant de troubles psychiques sévères, la droite met l’État dans une situation particulièrement critique. Ces adolescent-e-s sont considéré comme potentiellement dangereux pour eux-mêmes ou pour autrui, et l’absence de structure adéquate a été identifié comme un risque majeur pour l’Etat.
Pas de médiation scolaire !
Suite à « l’affaire Ramadan » qui a suscité une émotion et consternation partagée par l’ensemble des partis, les expert-e-s ont conclu à la nécessité de mettre en place une structure de médiation scolaire pour permettre aux élèves de bénéficier d’un espace de soutien et de médiation, en toute confidentialité. Le refus d’un demi-poste empêchera la réalisation de ce projet, dont l’actualité récente a prouvé la nécessité. Encore une fois, la droite exige des dispositifs mais ne leur octroie pas les moyens pour remplir leurs missions.
Le convoyage des détenu-e-s en mains privées ?
L’internalisation du convoyage des détenus, votée récemment par le Grand Conseil, nécessite la création de 57.5 postes supplémentaires, d’autant plus que les contrats de prestation avec les sociétés privées arrivent très prochainement à échéance. Dans l’impossibilité d’engager du personnel pour cette tâche, l’État ne pourra pas se conformer à la loi votée et continuera à faire recours à des sociétés privées. L’Alternative dénonce le positionnement particulièrement inconséquent du MCG qui avait pourtant contribué à faire adopter la réinternalisation du convoyage de détenus mais se fourvoie en refusant d’y accorder les postes nécessaires pour rendre cette décision effective.
Le programme géothermie 2020 mis à mal : que deviennent les promesses électoralistes de la droite ?
La droite clame être en faveur de la protection de l’environnement mais quand il s’agit de passer à l’action… L’environnement peut attendre ! Le programme géothermie 2020 représente un enjeu majeur sur le plan climatique et énergétique permettant de développer une source de chauffage propre essentielle lorsque l’on sait que le chauffage des bâtiments constitue une cause importante d’émission de gaz à effet de serre.
SPAD et SPC… des services de l’État en situation d’asphyxie !
Le Service de protection de l’adulte (SPAd) fait face à une explosion du nombre de dossiers, ce qui place ce service dans une situation particulièrement critique comme le relèvent plusieurs rapports d’audit et de la Cour des comptes. Alors que le nombre de dossiers par collaborateur-trice ne devrait pas excéder les 60, le refus des 10.5 postes demandés fera passer ce chiffre à 89. C’est donc la qualité du suivi des personnes mises sous la protection de l’Etat et donc particulièrement vulnérables ainsi que les conditions de travail des collaboratrices et des collaborateurs du service qui seront encore plus péjorées. Quant au service des prestations complémentaires dont la surcharge chronique de travail engendre d’ores et déjà des retards alarmants dans le traitement des dossiers, il devra par ailleurs mettre en œuvre la réforme fédérale des prestations complémentaires qui augmentera considérablement le volume de travail. L’asphyxie de ces services essentiels aujourd’hui déjà totalement surchargés s’intensifiera, avec les conséquences dramatiques que l’on sait sur les bénéficiaires.
Et cette liste n’est pas exhaustive ! Au final, ce sont de nombreuses politiques publiques qui sont touchées, que ce soit l’éduction, le social, l’environnement ou encore la sécurité… C’est donc la population genevoise dans sa totalité qui, la première, va faire les frais de cette politique irresponsable menée par la droite. Les partis de l’alternative appellent à la constitution d’un front large contre les politiques d’austérité, regroupant salarié-e-s et la population, bénéficiaire des services publics. Malgré les promesses de la droite à la veille de la votation sur RFFA, c’est bien la population qui est appelée à payer le prix de ce gigantesque cadeau fiscal aux grandes entreprises. Alors que le déficit est appelé à se creuser encore davantage – la RFFA ne déployant pas encore tous ses effets – il est urgent de travailler à de nouvelles rentrées fiscales permettant un financement des services publics et des prestations à la population.
Pour plus d’informations :
- Caroline Marti, commissaire aux finances, vice-présidente du PS genevois (079 796 36 23)
- Frédérique Perler, commissaire aux finances, vice-présidente des Verts (076 693 58 76)
- Jean Burgermeister, commissaire aux finances (078 855 73 43)
- Léna Strasser, cheffe de groupe PS (076 615 75 49)
- Pierre Eckert, chef de groupe Les Verts (079 598 24 00)