Aller au contenu directement

La politique, le numérique… et les jeunes

Jadis vues comme fantastiques outils démocratiques, les technologies numériques semblent aujourd’hui favoriser un fractionnement croissant des mentalités. Dans un futur où prédominera le numérique, qu’adviendra-t-il de la politique ?

La réponse à cette question dépendra de la façon dont trois problèmes majeurs seront traités. Premièrement, les bulles de filtre. Ce concept désigne l’isolement qui découle des algorithmes de personnalisation régissant les structures des moteurs de recherche et des applications. Chaque utilisateur-trice a accès à des résultats taillés sur mesure en fonction de son historique de recherche, mais se voit ainsi cantonné-e à certains résultats : une personne orientée à gauche politiquement ne verra sur son mur Facebook que des publications correspondantes, ce qui, à l’échelle de la société, complique le dialogue. Une solution envisageable serait de programmer les algorithmes pour qu’ils laissent apparaître, de façon aléatoire, des contenus n’ayant rien à voir avec les intérêts de l’utilisateur-trice.

Deuxièmement, on observe une tendance de la politique à se soumettre à la logique du marché de l’attention présente sur le réseaux sociaux : c’est-à-dire que les politicien-nes consacrent une énergie considérable à se mettre en scène pour gagner en visibilité dans un monde où le temps d’attention de chaque citoyen-ne est une denrée précieuse. Certes, il est important que la politique soit accessible à toutes et tous et que les élu-es adaptent leur mode de communication à l’ère numérique. Cela ne signifie pas pour autant donner la priorité aux likes et renoncer à avoir de vrais agendas politiques.

Troisièmement, il importe de prendre en compte le fait que l’engagement politique chez les jeunes s’exprime via Internet, mais pas seulement. Une étude1 menée en Allemagne démontre qu’au contraire de certaines idées reçues, les jeunes s’intéressent à la politique ; cependant, il importe de combiner numérique et réel pour que la motivation perdure. Internet peut être utilisé pour collecter et communiquer des idées, mais des résultats concrets doivent se faire ressentir par la suite.

1 .Norbert Kesting et Paul Jacobson: Warum die erzwungene Digitalisierung scheiterte, Katapult Magazin 26, 2022

Zélie Gottraux
Membre du comité de la JS genevoise

A lire aussi

Communauté internationale à Genève

Miroslav (Mirko) Ondrás

Champ-Dollon, ou l’indignité dans la privation de liberté

Federico Di NapoliMembre du comité directeur de la JS genevoise

Les squats, dernier barrage face au capitalisme urbain

Lucien SchwedMembre du comité de la JS genevoise