Aller au contenu directement

Le déménagement de Quai 9, un défi qui pourrait devenir une opportunité

Entretien avec Thomas Herquel, Directeur ad interim de Première Ligne

Depuis 21 ans, les locaux verts du Quai 9 font partie intégrante du quartier des Grottes. Géré par l’association Première Ligne, le lieu permet aux usager-ères de consommer des drogues de manière encadrée, réduisant ainsi les risques de dommages sur leur santé. Elles et ils peuvent aussi y bénéficier de soins médicaux de base, d’orientation vers des ressources externes, et d’un lieu de socialisation.

À l’origine, Quai 9 a été construit à un emplacement important du trafic de drogues, pour être proche du public cible. Toutefois, les travaux prévus de la gare Cornavin vont forcer les locaux à déménager. Discussion avec Thomas Herquel, le directeur ad interim de Première Ligne.


Quel serait votre nouvel emplacement idéal ?
Idéalement, notre nouvel emplacement serait au cœur de la vie urbaine, pour ne pas perdre notre réseau. La qualité des locaux sera déterminante pour assurer un bon accueil et de bonnes conditions de travail. Nous pourrions bénéficier d’un lieu plus grand et adaptable à l’évolution de la consommation, mais surtout d’un lieu beau, propre et accueillant. Le local reflète ce qu’on dit des personnes qu’on accueille.

Que pensez-vous du débat actuel sur l’existence d’un lieu « approprié » pour vos locaux ?
De toute manière, nous accueillons une population qui dérange, car elle suscite des craintes et rappelle l’existence de la pauvreté. Où qu’on aille, il faudra échanger avec le voisinage, expliquer notre travail, et montrer l’humanité des usager-ères, comme nous l’avons fait ici il y a 20 ans. Le pire qui pourrait nous arriver serait que le choix du nouveau lieu se fasse à la dernière minute, sans que nous ayons le temps de discuter avec le voisinage. Une transition brutale pourrait vraiment crisper les gens et rendre notre déménagement difficile.

Est-ce que ce déménagement représente aussi une opportunité pour vous ?
Oui, c’est une opportunité de réfléchir à notre aménagement et aux possibilités de développement. Le logement représente clairement un des prochains combats de l’association. Une partie importante des usager-ères sont à la rue, et subissent la double peine de l’addiction et de la précarité. Ces personnes peuvent difficilement se soumettre aux règles nécessaires pour obtenir les logements d’urgence, et il faut donc créer une offre spécifique pour pouvoir les sortir de la rue. Le logement est une précondition pour pouvoir améliorer les conditions socio-sanitaires des personnes.

Selon vous, est-ce que Quai 9 a aussi un but social ?
Dans la réalité des personnes, il est très compliqué de tracer une limite entre le social et la santé. Notre action principale est considérée comme sanitaire, mais se doit de prendre en compte les dimensions sociales des personnes. C’est fondamental de s’interroger sur le logement car notre public est beaucoup plus précaire maintenant qu’il y a 20 ans. La réalité est qu’il y a des gens qui sont dans des situations dangereuses à cause de l’absence de domicile ; puisque c’est nous qui sommes en contact avec ces personnes, ça devient notre mission de défendre ces besoins. Il y a des liens très clairs entre la précarité du logement, les comorbidités psychiques, et l’utilisation de stupéfiants.

→ Plus d’info : www.premiereligne.ch

Mélanie Rufi
Secrétaire de coordination de la Jeunesse socialiste genevoise

A lire aussi

La mobilisation continue !

Jean-Pierre TombolaDéputé

Pourquoi tout le monde chope la chlamydia ?

Elisabetta Marchesini

Votation communale : Tram Nations – Grand-Saconnex, oui à des aménagements de qualité !

Michel PomattoConseiller administratif au Grand-Saconnex