Comme chaque année, la gauche genevoise va commémorer l’assassinat par l’armée de manifestant-es antifascistes le 9 novembre 1932. Est-ce toujours d’actualité ?
Le 9 novembre 1932, l’extrême droite genevoise convoque à Plainpalais un meeting de mise en accusation publique de deux dirigeants de gauche : Léon Nicole et Jacques Dicker, parce qu’ils étaient de gauche, mais aussi parce que le second était juif et le premier Vaudois, donc étrangers à Genève.
La gauche, après avoir vainement exigé l’interdiction du meeting, organise une manifestation réunissant des milliers de personnes. Afin de casser une gauche politique et syndicale remuante, le Conseil d’État genevois, perdant tout sens commun, fait appel à l’armée. Celle-ci, avec une tactique d’intervention inadaptée et se sentant acculée par une poignée de manifestant-es, ouvre le feu devant l’actuelle Uni-Mail. Il y a treize morts et une centaine de blessé-es, dont de simples passant-es.
Par crainte de manifestations de solidarité, des dizaines de militant-es sont emprisonné-es dans toute la Suisse, les rassemblements ouvriers sont interdits, ainsi que la presse de gauche. L’armée est appelée à la rescousse dans plusieurs cantons « remuants ».
L’actualité du 9 novembre tient à trois similitudes, toutes proportions gardées :
• la politique anti sociale, répressive, liberticide et xénophobe des milieux de droite ;
• la nocivité de l’armée (et ses coûts faramineux !) qui a eu comme seuls titres de gloire de tuer des grévistes en 1918, des manifestants à Genève le 9 novembre et d’intervenir contre des mouvements ouvriers de grèves ou de manifestations ;
• la résurgence permanente de l’extrémisme de droite, avec la xénophobie et le racisme. Les difficultés économiques, le chômage, l’exclusion engendrent des divisions dont profite la droite. L’extrémisme de droite naît sur les peurs, le désarroi et la détresse de la population.
Notre lutte ne peut pas se permettre des divisions, de se dresser les un-es contre les autres sous prétexte de différence d’origine ou de statut social. Toute division entre nous fait la force de ceux que nous combattons.
C’est pourquoi nous voulons rendre hommage à ceux qui ont payé ce combat de leur vie. Car le sens de l’hommage aux anciens, c’est qu’ils nous ont préparé la voie que nous continuerons à suivre.
Rassemblement en hommage aux victimes du 9 novembre 1932, samedi 9 novembre 2024 à 16h près de la Pierre sur le parvis d’Uni-Mail
Georges Tissot, Ancien président de la Communauté genevoise d’action syndicale