Quand on parle de l’initiative pour l’avenir, il faut revenir à une évidence : l’argent des ultra-riches ne tombe pas du ciel. Il vient de deux sources : l’héritage et l’exploitation du travail. Et soyons clair-es : aucun être humain ne mérite de toucher 50 millions quand la majorité peine à vivre d’un salaire normal.
Prenons un exemple. Le salaire minimum brut à Genève est de 4773 chf/mois. Si une personne travaille à plein temps de 18 à 65 ans, sans pause, elle gagnera environ 2,5 millions sur toute sa vie. C’est vingt fois moins que 50 millions. Autrement dit, même en travaillant sans s’arrêter ni rien dépenser, une vie entière au minimum représente à peine 5 % d’un méga-héritage.
Et encore, deux tiers des ultra-riches suisses n’ont même pas gagné leur fortune : ils et elles l’ont héritée. Des millions tombés du ciel, parce que leurs parents possédaient déjà entreprises, terrains ou actions. Leur richesse vient du travail de milliers d’autres qui, eux et elles, ne verront jamais ces sommes. Hériter ne demande aucun effort, aucune compétence, aucune contribution à la société.
Pendant ce temps, les salaires réels en Suisse sont revenus au niveau de 2014, alors que les dividendes versés aux actionnaires ont doublé. La valeur créée par le travail part de plus en plus dans les poches des rentiers, pendant qu’on nous répète qu’il n’y a pas d’argent pour les retraites, les salaires ou les services publics. L’argent existe : il est juste capté tout en haut.
L’initiative pour l’avenir propose de taxer à 50 % la part des héritages dépassant 50 millions. Ce n’est pas une taxe sur la classe moyenne, mais sur 0,05 % de la population. Ces milliards serviront à financer la transition écologique et sociale, créer des emplois durables et garantir que ce ne soient pas toujours les mêmes qui paient la facture.
C’est une question de dignité du travail. La majorité d’entre nous soigne, enseigne, nettoie, construit, fait tourner la société, pendant qu’une poignée accumule des fortunes colossales et détruit le climat. Assez de cette logique où le travail des un-es enrichit les autres.
Si notre société veut encore croire à la valeur du travail, elle doit mettre fin à l’impunité des méga-héritages. L’initiative pour l’avenir, c’est une première étape pour dire enfin : la richesse produite par toutes et tous doit revenir à la société, pas seulement à une poignée de privilégié-es.