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Les défis d’une rentrée sous tension

Entretien avec Anne Emery-Torracinta
Conseillère d’État


Fermeture en catastrophe des écoles, enseignement à distance, refus du Parlement d’ouvrir de nouveaux postes dans l’enseignement primaire… Pour le Département de l’instruction publique (DIP), 2020 est sans aucun doute une année exceptionnelle. Rencontre avec Anne Emery-Torracinta, qui prépare une rentrée sous tension.

En quoi cette rentrée des classes sera particulière ?
Dans le primaire et le spécialisé, nous vivons une situation inédite car nous n’avons pas obtenu de postes supplémentaires pour faire face à l’augmentation des effectifs d’élèves. Nous sortons en plus d’une période extraordinaire, avec plusieurs semaines de fermeture des écoles. Les directions d’établissements travaillent d’arrache-pied pour que cette rentrée se passe dans les meilleures conditions possibles, mais la tâche est ardue.

Va-t-il y avoir une augmentation du nombre d’élèves par classe au primaire ?
Nous avons dû faire des économies où nous pouvions, avec la volonté de ne pas toucher aux conditions-cadre. Nous avons essentiellement économisé sur les dégrèvements dans le secondaire – des heures de travail hors enseignement. Ces économies représentent plus de 68 postes qui sont alloués au primaire et au spécialisé. En d’autres termes, on a fait jouer la solidarité départementale, même si elle ne sera pas tout à fait suffisante au primaire, les élèves inscrits étant plus nombreux que prévu il y a encore quelques mois.

La crise du coronavirus aura-t-elle un impact sur les effectifs scolaires ?
C’est un paramètre que nous ne pouvions pas prendre en compte dans les prévisions budgétaires. Avec la fermeture des écoles et l’enseignement à distance, les directions d’établissement ont fait preuve d’une certaine bienveillance à l’égard des élèves en difficulté. Elles ont permis plus de passages « par dérogation » et il y a eu moins de transferts entre le collège et l’ECG, ou entre l’ECG et les places d’apprentissage, qui sont de toute façon moins nombreuses. Résultat : rien qu’au collège, nous comptons plus de 300 élèves supplémentaires par rapport aux prévisions, ce qui aura un impact sur le nombre d’élèves par classe.

Le DIP est-il préparé à affronter une nouvelle vague de covid-19 ?
En mars dernier, nous avons dû improviser très rapidement la fermeture des écoles. Si une telle situation
devait se représenter, nous y serions beaucoup mieux préparés. Au secondaire II, nous envisageons par exemple un enseignement alterné, en demi-classes. De plus, les classes pourront être équipées de caméras qui permettent l’enseignement à distance en direct. Quoi qu’il arrive, nous assurerons la continuité de l’enseignement.

Comment vois-tu la suite ?
Je suis particulièrement inquiète pour l’avenir. Tout le département travaille sous pression, nous ne pouvons pas tenir comme cela sur la durée. Le budget cantonal 2021 s’annonce très complexe, alors que les effectifs scolaires continuent d’augmenter ! Nous devons nous battre pour obtenir des postes supplémentaires contre l’avis de la majorité du Parlement, qui considère que l’augmentation des effectifs scolaires n’est pas une charge contrainte.

Propos recueillis par Frédérique Bouchet

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