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Comptes de l’État : investissons dans l’avenir!

Caroline Marti
Députée au Grand Conseil, cheffe de groupe — Secrétaire générale du Groupement des coopératives d'habitation genevoises

Fin mars, le Conseil d’État a présenté les comptes 2023 du Canton de Genève. Résultat : un excédent record de 1,4 milliard. Sachant que le budget prévoyait un déficit de 400 millions, les comptes sont donc meilleurs de 1,8 milliard de francs ! Ces chiffres qui dépassent l’entendement suscitent deux questions : comment faire pour que les budgets reflètent plus fidèlement la réalité financière du canton et que faire de ces millions qui affluent dans les caisses ?

À la première question, nous répondons qu’il est essentiel d’affiner les modèles d’évaluation des recettes fiscales (plus de 20% de marge d’erreur c’est beaucoup trop !). De plus, l’orthodoxie budgétaire prônée par la majorité de droite, qui exige des budgets à l’équilibre, est absurde car, au vu du manque de précision des estimations fiscales, la bonne (ou la mauvaise) santé financière du Canton se mesure aux comptes.

Les réponses que nous pouvons apporter actuellement à la deuxième question sont insatisfaisantes et insuffisantes eu égard aux nombreux défis sociaux et environnementaux auxquels nous aurons à faire face dans les prochaines années.

En effet, nous ne disposons actuellement d’aucun mécanisme qui nous permette d’utiliser tout ou partie de ces excédents pour les réinvestir dans le développement de politiques publiques. Pourtant, ces outils existent dans d’autres cantons qui en font l’usage depuis plusieurs années.

Pour combler cette faille, le groupe socialiste au Grand Conseil a déposé un projet de loi afin de créer un outil législatif permettant d’affecter une partie de l’excédent comptable au financement de dépenses futures. Cela s’appelle le préfinancement. Car si aujourd’hui les millions s’accumulent, ce dont on ne manquera pas de se réjouir, les besoins sociaux et environnementaux auxquels nous devrons répondre au cours des années à venir seront colossaux.

En effet, nous faisons face à des transformations sociétales rapides et profondes qui nécessiteront des dépenses et investissements publics très importants pour nous y adapter. Il s’agit en premier lieu de l’évolution démographique qui engendre un vieillissement de la population et donc des dépenses en forte hausse dans le secteur de l’accompagnement socio-sanitaire notamment. Vient ensuite l’urgence climatique qui nous impose d’opérer des investissements massifs dans les domaines du bâtiment, de la mobilité et de l’énergie pour concrétiser la transition écologique afin de respecter l’engagement de la neutralité carbone en 2050. Pour finir, la révolution numérique s’opère à un rythme frénétique. Un effort très important de modernisation de nos systèmes informatiques est désormais urgent, de même que la mise en place de politiques de protection contre les risques liés au numérique (cybersécurité, protection des données, manipulation de l’opinion, fracture numérique, etc.).

Puisque gouverner c’est prévoir, le projet de loi sur le préfinancement propose d’investir dans l’avenir en profitant de l’embellie financière actuelle pour anticiper les besoins futurs. Ainsi, nous pourrons voir venir les grands bouleversements de notre époque avec plus de sérénité, et surtout, grâce à un engagement financier conséquent de l’État, éviter qu’ils soient synonymes d’accroissement des inégalités.

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