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Faire passer les fonctionnaires et les personnes précaires à la caisse, c’est non!

Caroline Marti
Députée au Grand Conseil, cheffe de groupe — Secrétaire générale du Groupement des coopératives d'habitation genevoises

Non-indexation ajoutée à une baisse de 1% des salaires, suspension de l’annuité 2021 et augmentation de la part de cotisation pour les employé-e-s dès 2022, le Conseil d’État n’y va pas de main morte contre la rémunération des travailleuses et travailleurs du secteur public dans son projet de budget et son plan financier quadriennal.

A travers ces mesures dirigées contre la fonction publique, le message politique du gouvernement genevois est limpide : faire payer la crise et ses conséquences financières aux travailleuses et travailleurs de ce canton. Car ne nous y méprenons pas, la baisse des salaires qui menace aujourd’hui la fonction publique ne manquera pas de faire tache d’huile et touchera demain le secteur privé de plein fouet.

Or, si l’épidémie du Covid-19 nous a appris une chose, c’est bien que l’économie libérale s’est montrée vulnérable et incapable de faire face à une situation de crise alors que les services publics ont démontré leur importance systémique. Il y a quelque chose de particulièrement indécent dans le choix de faire peser le poids de la crise sur les épaules du personnel soignant, des enseignant-e-s, des éducateur-trices, des policier-ère-s, des chauffeur-euse-s TPG, des aides à domicile, bref, sur celles et ceux qui se sont retrouvés sur le pont en pleine tempête et nous ont permis de traverser cette crise.

Par ailleurs, le Conseil d’État essaye de faire passer ces mesures d’austérité à l’encontre des fonctionnaires comme un soi-disant mécanisme de solidarité des travailleurs et travailleuses du secteur public vis-à-vis de celles et ceux du secteur privé. Cela n’a strictement aucun sens ! En quoi baisser les salaires de la fonction publique aideraient d’une quelconque manière les employé-e-s du secteur privé ? Ayant exclu d’emblée toutes nouvelles recettes fiscales, même temporaires, pour financer les prestations et les services publics, le Conseil d’État demande en réalité à la fonction publique d’être solidaire avec… les plus fortuné-e-s. Alors que l’histoire nous montre que la meilleure manière de sortie d’une crise est d’augmenter les dépenses de l’État financé par une augmentation de l’impôt sur les hauts revenus et les grandes fortunes[1], le Conseil d’État, lui, fait tout le contraire et décide de limiter les charges tout en octroyant aux plus nantis une diminution de l’impôt sur la fortune.

Le seul fait que l’augmentation des charges prévue au projet de budget 2021 soit la plus base depuis 20 ans démontre que le Conseil d’État n’a tout simplement pas pris la mesure de la crise que l’on travers, pas plus que des ces conséquences économiques et sociales. C’est par une politique anticyclique d’augmentation des investissements et de paiement des salaires que nous pourrons amorcer un processus de relance économique et de préservation des emplois. Ce n’est non pas par le maintien mais par le développement de nouvelles prestations pour répondre aux besoins croissants de la population que nous saurons endiguer la vague de précarisation qui menace des pans entiers de notre population.

Camarades, nous entrerons dans les semaines et les mois à venir dans une période charnière. De notre capacité de mobilisation, de notre force à contester ce budget, de notre aptitude à inverser la tendance, dépendent la possibilité de réduire les inégalités, la protection sociale des personnes précaires, la dignité des travailleuses et travailleurs et la qualité de nos services publics et ce, pour les décennies à venir.

[1] Thomas Piketty, Capital et Idéologie, Chapitre 10, La crise des sociétés de propriétaires

Thématiques associées: Services publics et droits sociaux , Social

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