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Les assuré-es ne doivent plus être complices des marchands d’armes!

Christian Dandrès
Conseiller national — Juriste à l'ASLOCA, avocat

Voter OUI à l’initiative « Pour une interdiction du financement des producteurs de matériel de guerre », c’est refuser que la Suisse participe à une politique internationale militariste, impérialiste et ultra-sécuritaire.

L’industrie de guerre requiert énormément d’investissements. L’armement actuel atteint des niveaux de technologie et de prix très élevés. Les missiles américains Tomahawk coûtent 1,86 millions de dollars[1] pièce, le nouveau missile de croisière naval français (MdCN) 2,86 millions[2] d’Euros.

C’est un secteur commercial très lucratif. Dassault Aviation, qui fabrique le Rafale, a réalisé un bénéfice net de 11,1% en 2019 et aurait versé 212 millions d’Euros de dividendes en 2020, sans le COVID-19[3]. Ces profits sont quasiment garantis par les États où ces industries opèrent. Les armées de ces pays jouent en outre un rôle-clef pour promouvoir les armes.

Les interventions militaires en Syrie l’illustrent. Elles ont servi de « vitrine » pour la Russie ou, à moindre échelle, pour la France. Le journal Les Echos indiquait que la Russie y avait « testé plus de 200 nouveaux types d’armes »[4]. La France y a aussi utilisé, pour la première fois, ses missiles MdCN. Les interventions militaires sont donc essentielles pour ces industries. La souffrance, la mort et les destructions causées par ces armes sont autant de preuves de leur efficacité.

Ces groupes industriels sont bien représentés et/ou défendus dans les enceintes politique. On se souvient des liens entre Blackwater et les néo-conservateurs américains. Cette industrie pèse sur l’augmentation des budgets militaires et sans doute sur la décision d’intervenir dans des conflits armés. Pour que les actionnaires gagnent de l’argent, il faut que ces armes soient vendues et servent.

Investir dans des entreprises d’armement n’est donc pas neutre politiquement. Un tel investissement participe en outre d’une politique de grandes puissances. Acheter les armes produites par un « champion » industriel national équivaut à entrer dans un système d’alliance militaire. Le pays qui supporte le complexe militaro-industriel soutient celui qui achète ses armes. Le gouvernement ultra-conservateur polonais multiplie les achats d’armes aux entreprises états-uniennes (32 avions F-35 pour 4,6 à 6 milliards de dollars), en parallèle d’un accord de défense signé cet été.

Les caisses de pension ne sont pas obligées de financer des armes pour verser des rentes. Celles de la Migros, PUBLICA, la BVK et La Mobilière ont des centaines de milliers d’assuré-es et servent de bonnes prestations – celle de la Migros fait même mieux que la CPEG – sans investir dans l’armement.

[1] https://comptroller.defense.gov/Portals/45/documents/defbudget/FY2017/FY2017_Weapons.pdf#page=63

[2] http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion_def/l15b2305-tvii_rapport-avis#

[3] https://www.dassault-aviation.com/fr/groupe/finance/chiffres-cles-2019-du-groupe/

[4] https://www.lesechos.fr/monde/europe/larmee-russe-bombe-le-torse-1217912

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