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“Lunettes d’intersectionnalité” nécessaires !

Dorina Xhixho
Groupe LGBTIQ+ du PS genevois — Représentante du Groupe LGBTIQ+ au comité directeur

Les politiques devraient, lors de l’élaboration de chaque action et politique publique, apprendre en priorité à utiliser une approche basée sur l’intersectionnalité[1], d’autant plus dans les situations d’urgence.

Loin d’une simple crise mondiale majeure de santé publique, la Covid-19 a représenté un choc profond pour nos sociétés. Cette pandémie a révélé les inégalités profondes ainsi que l’impossibilité d’une réponse uniforme aux réalités individuelles, en situation d’urgence sanitaire.

Les personnes âgées, en situation de handicap, racisées, migrantes, les femmes, les minorités sexuelles, les sans-papiers, pour n’en nommer que quelques-un.e.s, ont été touché.e.s de manière disproportionnée par les effets de la pandémie.

La majorité de ces populations a subi des formes multiples de violence et de discrimination, aggravées par la nature intersectorielle de leur identité.

Les personnes LGBTIQ+ vivent cette transversalité de manière particulièrement aigue. Durant la crise de la Covid-19, ces populations ont été reléguées dans le silence et l’invisibilité. À aucun moment les autorités publiques ne les ont reconnues comme particulièrement vulnérables.

D’un autre côté, la société civile genevoise a déployé des efforts considérables afin de fournir une assistance à ces populations. Les associations ont assuré un soutien et un suivi à distance en mettant sur pied des lignes d’assistance téléphonique et en proposant des réunions thématiques en ligne.

Les témoignages font état de : souffrances extrêmes liées à l’isolement, en particulier chez les personnes LGBTIQ + les plus âgé-e-s, vivant seuls ou en EMS ; anxiété des personnes trans en raison de l’interruption des traitements de transition ; privation de dépistage et limitation de traitements pour les personnes vivant avec le HIV ; manque d’accueil d’urgence pour les jeunes LGBTI, confinés dans des environnements hostiles ou encore la fermeture des centres d’aide essentielle.

Dans une perspective d’inclusion des personnes LGBTIQ+ dans un contexte de gestion de crise et de l’après-crise, les collectivités publiques se doivent de mettre en œuvre les actions clés suivantes :

  • Reconnaître la vulnérabilité amplifiée des personnes LGBTIQ+
  • Protéger, étendre et adapter le système de soutien aux victimes de violences
  • Accroître l’aide aux acteurs locaux de la société civile
  • Inclure les organisations LGBTIQ+ dans les processus décisionnels
  • Lancer une collecte de données fiables pour mesurer l’impact de la Covid-19 sur les populations concernées
  • Élaborer des plans de relance qui renforcent la résilience économique des personnes LGBTIQ+

L’expérience de cette pandémie doit orienter notre travail vers une approche intersectionnelle lors de situations d’urgence, afin de ne laisser personne de côté.

[1] https://www.merriam-webster.com/dictionary/intersectionality

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