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Majorité de droite au Grand Conseil = attaque en règle contre la fonction publique

Caroline Marti
Députée au Grand Conseil, cheffe de groupe — Secrétaire générale du Groupement des coopératives d'habitation genevoises

La dernière plénière du Grand Conseil fut politiquement douloureuse mais riche en enseignements. Avec une extrême clarté, la majorité de droite nous a montré la ligne politique qu’elle entendait suivre lors de cette législature. Celle de la casse sociale, des attaques en règle contre la fonction publique, du démantèlement des prestations et de la privatisation des services de l’État. 

Après avoir annoncé en début de semaine un projet de baisse d’impôt qui fera perdre entre 300 et 400 millions de recettes à l’État (l’équivalent de la moitié du budget de l’école primaire, je vous laisse imaginer les dégâts), la majorité UDC, PLR, Le Centre et LJS ont ensuite soutenu deux projets de loi visant à limiter drastiquement les dépenses et empêcher toute possibilité d’engagement de personnel à l’État. Il s’agit de propositions extrêmes qui, si elles sont mises en œuvre, conduiront implacablement à des coupes massives dans les prestations publiques, une implosion des services causée par la surcharge de travail, et des licenciements dans la fonction publique. Grâce à la désorganisation de la droite et l’absence de 5 d’entre eux lors du vote, nous avons pu renvoyer ces projets en commission. Le sursis ne sera toutefois que de courte durée. 

Si vous aimez le cynisme, vous allez être servi. Après avoir voulu assécher les services de l’administration en gelant les engagements, la même majorité de droite a tenté de faire voter une disposition selon laquelle lorsque l’État n’est pas en mesure d’honorer le paiement d’une créance dans un délai de 30 jours, le travail est délégué à une fiduciaire privée ! Les ficelles sont un peu grosses mais l’intention est limpide :  

1. affaiblir les services publics en refusant de leur donner les moyens de fonctionner, 

2. les pointer du doigt parce qu’ils ne fonctionnent pas, 

3. privatiser le service. 

Une manœuvre qui prend une dimension encore plus tordue lorsque l’on sait que le projet de loi a été défendu par le député PLR Yvan Zweifel, lui-même patron d’une fiduciaire… ou comment se servir plutôt que servir… 

Après avoir tiré à boulets rouges sur les prestations et services publics, c’est sur les collaboratrices et collaborateurs de l’État que la majorité de droite a pointé son viseur. En à peine quelques heures, s’en est fini non seulement de l’annuité mais également de la réintégration des fonctionnaires licenciés à tort. En supprimant le droit à l’annuité de la loi sur le personnel, cette dernière dépendra du bon vouloir du Conseil d’État qui la versera, ou pas, au gré des aléas budgétaires. Lorsqu’on sait qu’au cours des dix dernières années, le Conseil d’État a proposé au Grand Conseil de supprimer le versement de l’annuité à 6 reprises, on a vite compris que le principe de progression salariale à l’État est terminé. Quant à la suppression de la réintégration obligatoire du personnel de l’État licenciés sans motif fondé, mécanisme introduit il y a quelques années grâce à un projet de loi socialiste, c’est une des principales protections contre les pressions hiérarchiques et les décisions arbitraires qui saute. La fonction publique ressort donc de cette plénière grandement fragilisée. 

Face à ces attaques en chaine de la droite, la réponse du Parti socialiste doit être forte et sans équivoque. Soutenons le personnel qui se mobilisent, à commencer par les enseignant-es du cycle d’orientation qui manifestent ce jeudi 1 février contre l’augmentation de leur temps de travail et soyons prêt-es à lancer des référendums pour contrer les projets destructeurs de la droite.   

Thématiques associées: Services publics et droits sociaux

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