Mardi dernier, la majorité parlementaire a refusé d’entrer en matière sur le projet de loi sur l’aide sociale et la lutte contre la précarité, tout en assurant publiquement ensuite que le projet était bon et qu’elle reverrait le projet en commission lors de la prochaine plénière du Grand Conseil. Ce qui me consterne, c’est que ce sont les plus vulnérables qui font les frais de ce ping-pong politique, alors même que l’inflation précarise chaque jour les plus fragiles d’entre nous. Les objectifs fondamentaux de cette réforme sont et seront toujours appropriés malgré ces quelques semaines de perdues.
Le travail en commission a en effet mis en exergue les qualités de ce projet, qui mise sur trois principes cardinaux: renforcer considérablement les possibilités de formation professionnelle pour les bénéficiaires, reconnaître et valoriser la prise d’emploi par des incitations financières et, surtout, renforcer l’accompagnement social qui est la clé d’une meilleure prise en charge des situations de vulnérabilité. Les différentes consultations sur ce projet de loi et les nombreuses auditions en commission concluent toutes à la nécessité de changer le système actuel dans le sens du projet proposé. Il ne fait aucun doute que nous y parviendrons.
Le Département n’a jamais fixé l’objectif que cette loi soit adoptée coûte que coûte durant cette législature. Je regrette par conséquent l’inexplicable contretemps procédural en commission, qui impacte directement les personnes précarisées dans le contexte économique actuel.
Il est utile de rappeler à ce stade que la loi actuelle n’a pas amené, en dix ans, d’amélioration notable du taux annuel de retour en emploi. Elle a même vu une augmentation continue du nombre de dossiers à l’aide sociale, de même qu’un allongement de la durée de l’aide.
Le Conseil d’Etat a adopté cette réforme afin de réduire la hausse des bénéficiaires observée depuis de trop nombreuses années, permettre une réinsertion sociale et professionnelle plus rapide et plus durable, prévenir la dégradation des situations individuelles ou familiales, et contenir l’augmentation des charges pour notre canton. Je garde confiance dans la responsabilité du parlement pour la suite des travaux parlementaires.
La lutte contre la précarité n’est pas une question de majorité politique. C’est un impératif.