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Non à l’accord de libre-échange avec l’Indonésie

Sylvain Thevoz
Député au Grand Conseil — Travailleur social

La crise du coronavirus marque une césure profonde. Cette crise c’est aussi la crise de l’Organisation Mondiale du Commerce et du libre-échange sans limite. Nous devons préserver et renforcer chez nous, en Suisse, une partie de nos productions nécessaires, sans aller les chercher à l’autre bout du monde en créant des concurrences acharnées. Une production locale de qualité est une garantie d’emplois également pour notre agriculture et nos artisan-e-s. La crise actuelle invite à repenser nos modes de consommation. Importer des biens de consommation courante par avion du bout du monde nous conduit à très brève échéance dans l’impasse et la dépendance. Vous voudriez toujours davantage d’huile de palme dans votre boulangerie, alors que le beurre fait très bien l’affaire ? Non. Les Suisses et les suissesses non plus.

Cet accord de libre-échange avec l’Indonésie ne va pas dans le sens des circuits courts, de l’écologie et du respect des droits des travailleurs et travailleuses. Il aura pour conséquence directe d’encourager l’achat notamment d’huile de palme au détriment des huiles produites en Suisse et en Europe de manière plus durable. Le résultat sera une baisse de la qualité des biens consommés et une menace sur les emplois locaux. La baisse prévue du prix de l’huile de palme dans le commerce entre l’Indonésie et la Suisse encouragera encore davantage là-bas, la déforestation.

Les adeptes de l’accord aiment rappeler qu’il y aura une certification sur l’huile importée. Or, les directives sur cette certification sont faibles. Elles autorisent la destruction des tourbières, des forêts secondaires ou l’emploi de pesticides hautement toxiques. Les systèmes de contrôle et les mécanismes de sanction sont inefficaces.  Cette certification de complaisance, c’est un peu comme si un renard promettait des règles de bonne conduite sur les poules afin de pouvoir entrer dans le poulailler… en se proposant comme garant du système.  Nous ne devons pas cautionner cela. Repensez au combat de Bruno Manser….

Certains diront : business is business ! C’est oublier un peu vite que les bénéficiaires de cet accord de libre-échange seront uniquement les grands groupes, ceux de la pharma, de l’agroalimentaire et des banques, sur le dos des travailleuses et travailleurs, sans retombée pour notre économie locale.

Mais au-delà de l’écologie et de la question spécifique de l’huile de palme, ce qui est en jeu le 7 mars, c’est le concept extensifs  des accords de libre-échange que Monsieur Parmelin souhaite étendre à tous nos partenaires commerciaux. Camarade, comme socialiste nous devons nécessairement encadrer et imposer de strictes conditions à ce type d’accords, notamment au niveau du respect des accord de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), des normes environnementales et des droits humains en exigeant que nos importations obéissent aux mêmes règles que celles en vigueur dans notre pays. Dans cet accord sur lequel le peuple se prononcera le 7 mars, ces dimensions très très clairement insuffisantes.

L’accord de libre-échange avec l’Indonésie est un cas d’école. Le même problème politique se pose avec la Chine, et se posera demain avec les accords de libre échange AELE-Mercosur. Tactiquement, nous ne pouvons laisser aux Verts uniquement le terrain de contestation de ces accords de libre-échange, si nous faisions cela nous leur laisserions tout l’espace politique et trahirions nos combats pour les travailleuses et travailleurs.

Pour conclure, l’initiative pour des multinationales responsables a été acceptée par une majorité de la population le 29 novembre dernier, échouant de peu à la majorité des cantons. Voter NON à l’accord de libre-échange avec l’Indonésie nous place dans la suite de cette votation, et nous rend politiquement cohérent.

Non, le libre-échange ne doit pas passer avant l’environnement et les droits humains, le parti socialiste vous invite donc à refuser cet accord de libre-échange.

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