Aller au contenu directement

Budget 2024 : à l’issue des votes en commission, la majorité de droite élargie au MCG et LJS coupe 150 postes et des dizaines de millions

A l’issue de deux longues séances et de travaux particulièrement chaotiques, une majorité PLR-Centre-MCG-LJS a fini par se dégager pour voter, en 3e débat, un projet de budget 2024 revu à la baisse et largement insuffisant pour répondre aux besoins de la population. Les Socialistes ont bien essayé de faire passer une série d’amendements pour, au contraire, améliorer ce qui était déjà initialement un budget très conservateur… en vain. Ils et elles redéposeront en plénière ces amendements – et d’autres, afin de tenter, a minima et dans toute la mesure du possible, de «limiter la casse».

Après la révision à la hausse des estimations fiscales, qui avaient une fois encore été sous-évaluées (+214 millions annoncés en octobre), et divers ajustements proposés en conséquence, le déficit affiché par le projet de budget 2024 du Conseil d’Etat se trouvait ramené à 99 millions (contre 255 initialement). Un montant à mettre en perspective avec l’excédent «brut» record de 1,3 milliard enregistré aux comptes 2022.

C’en était pourtant déjà trop pour la droite bourgeoise et populiste du Grand Conseil, qui s’est entêtée dans un dogmatisme aveugle, jusqu’à s’opposer ouvertement à ses propres représentant-es – majoritaires! – au Conseil d’Etat. Incompréhensible et irresponsable.

La droite fait payer les jeunes, les retraité-es et les précaires

Ce sont près de 150 des 356 nouveaux postes demandés que la droite a biffés en commission. Tous les départements sont concernés, y compris – et substantiellement (près de 70 postes!) – le DIP, passé en mains de la Conseillère d’Etat PLR Anne Hiltpold qui avait pourtant défendu tous les nouveaux postes comme indispensables.

Sont également concernés l’ensemble des postes nécessaires à la mise en place du «Plan Crack», tant attendu par la population genevoise et nécessaire pour tenter d’endiguer ce fléau. Le SPAd, la culture, la mobilité, la transition écologique, le pouvoir judiciaire, font également les frais de ces refus.

Sur proposition de LJS et du MCG, confirmant leur positionnement à la droite de l’échiquier politique, la subvention à l’Hospice général est rabotée de 17,7 millions. Quant à l’UDC, le groupe a proposé de supprimer purement et simplement la subvention à l’AVIVO (49’000 francs) – proposition acceptée, les retraité-es apprécieront. Le soutien à la diffusion et au rayonnement culturel passe lui aussi à la trappe, pour quelque 100’000 francs de dérisoires économies…

A recettes supplémentaires, moyens supplémentaires !

S’appuyant sur les plus de 200 millions de francs de recettes supplémentaires annoncés, les commissaires socialistes ont pour leur part proposé plusieurs amendements pour améliorer le projet de budget 2024 du Conseil d’Etat. En particulier: une pleine et entière indexation des salaires de la fonction publique (1,4%), une majoration de 2% des subventions aux associations afin de compenser l’inflation et une augmentation du budget dévolu à la solidarité internationale, afin d’atteindre les 0,7% de budget annuel cantonal prescrits par la loi et préconisés par les Nations Unies.

En 3e débat, le groupe a déposé de nouveaux amendements pour contrer les coupes susmentionnées ainsi que pour octroyer des moyens supplémentaires à l’école primaire (+4 millions pour y améliorer le taux d’encadrement), à l’OMP et aux institutions de pédagogie spécialisée subventionnées (+4 millions pour la prise en charge des élèves à besoins éducatifs particuliers ou en situation de handicap) ou encore à la CPEG, pour soutenir le pouvoir d’achat de ses pensionné-es face à l’inflation (+18 millions).

Sans grande surprise, l’alliance de droite a balayé l’ensemble de ces propositions d’un revers de main.

Un budget déconnecté de la réalité sociale

Du propre aveu des Conseiller et Conseillères d’Etat de la droite majoritaire, les coupes opérées font fi des besoins de la population, en très nette augmentation.

Dans une période où tout augmente sauf les salaires et les rentes, face à la paupérisation galopante, à l’augmentation des inégalités et au dérèglement climatique en cours, la droite genevoise n’a elle qu’un seul mot à la bouche: économies. Quitte à faire payer le prix fort aux Genevoises et aux Genevois, en commençant par les plus vulnérables.

Le PS genevois tentera naturellement par tous les moyens et jusqu’au bout de s’y opposer, mais il faudra bien se faire une raison; pour les partis MCG et LJS «ni de gauche, ni de gauche», le soutien à celles et ceux qui en ont besoin et les intérêts de la majorité de la population ne sont pas une priorité, contrairement aux économies et aux coupes qu’ils ont votées avec leurs nouveaux alliés de droite.

Pour plus d’informations :

Caroline Marti
Députée au Grand Conseil, cheffe de groupe — Secrétaire générale du Groupement des coopératives d'habitation genevoises
Grégoire Carasso
Député au Grand Conseil — Codirecteur des Cafés Carasso, Adjoint académique à l'Université de Genève
Thomas Wenger
Député au Grand Conseil — Chargé de projets culture et durabilité
Thématiques associées: Services publics et droits sociaux

A lire aussi

Comptes 2023: l’envolée se poursuit alors que la population trinque

Budget 2024 : l’alliance de droite s’impose, et tant pis pour les Genevois-es !