Hier, la majorité de la commission des finances du Grand Conseil a refusé l’entrée en matière sur le projet de budget 2026. Quelques heures plus tôt, le Conseil d’État avait déjà abdiqué, annonçant son intention de revenir sur l’ensemble des charges non contraintes. La droite gouvernementale et parlementaire place donc le Canton sur la voie des douzièmes provisoires, soit une réduction mécanique des moyens alloués au service public et des coupes massives dans les prestations.
Si le projet du Conseil d’État était loin d’être enthousiasmant, le groupe socialiste a pris ses responsabilités en votant l’entrée en matière. Consciente du rôle parlementaire qui est le sien, la députation entendait faire son travail: se battre pour s’opposer aux coupes promises par la droite et réinjecter des moyens dans les services en souffrance qui doivent affronter une hausse des besoins.
C’était sans compter sur l’arrogance de la droite, décidée semble-t-il à faire payer aux Genevois-es son irresponsabilité. Après avoir répété des années durant que l’État pouvait se permettre des baisses d’impôts pour les plus fortuné-es, elle se soustrait aujourd’hui sans gêne à l’exercice budgétaire, dénonçant une réalité qu’elle a elle-même créée. La démonstration de l’inconséquence est parfaite.
Le courage ne semble pas non plus à chercher du côté du Conseil d’État, qui a choisi de déposer les armes avant même d’entrer dans l’arène, acceptant d’emblée les conséquences d’un fonctionnement aux douzièmes. La facilité avec laquelle des postes décrits hier encore comme indispensables sont aujourd’hui rayés de la note a de quoi déconcerter et interroger sur la capacité réelle de l’Exécutif à gouverner. Que penser en effet d’un partenaire qui renie ses engagements et se déjuge ainsi?
Sans budget adapté, les conséquences pour la population seront graves. Aucun nouveau poste pour répondre à la croissance démographique dans les écoles ou renforcer la protection des mineurs et des adultes dont la demande de prise en charge étatique par les familles est en nette augmentation, mais aussi:
- 2,7 millions en moins pour l’Hospice général (HG)
- 8,5 millions en moins pour la protection de l’enfance (FOJ, ASTURAL, AGAPÉ)
- 4,7 millions en moins pour les établissements accueillant des personnes handicapées (EPH)
- 6,5 millions en moins pour l’université (UNIGE)
- 32,7 millions en moins pour les transports publics (TPG)
Alors que les inégalités sont béantes, que la précarité gagne du terrain tous les jours et que les effets dévastateurs du dérèglement climatique commencent à se faire sentir, envisager sérieusement de telles coupes est irresponsable.
Le PS appelle la majorité politique à revenir à la raison. Gouverner, ce n’est pas saboter les finances publiques et affaiblir les services desquels dépendent nos concitoyen-nes. L’heure n’est plus aux postures; Genève a besoin d’un budget, la fonction publique est dans la rue, la population nous regarde.
Pour plus d’informations:
- Caroline Marti, commissaire aux finances
- Grégoire Carasso, commissaire aux finances
- Matthieu Jotterand, chef du groupe socialiste au Grand Conseil
- Thomas Wenger, président du PS genevois et commissaire aux finances