Le Comité unitaire genevois « Non aux lois corsets » exprime sa vive inquiétude face au budget 2026 et au Plan financier quadriennal (PFQ) 2026-2029 annoncés par le Conseil d’État. L’assèchement des recettes causé par les baisses d’impôts successives provoque un important déficit dès 2026 qui se poursuivra sur les années suivantes. L’explosion des charges contraintes illustre une nouvelle fois la hausse massive des besoins sociaux d’une population qui se précarise et se fragilise. Force est de constater que le budget tel que présenté par le Conseil d’État n’y répond que de manière très insuffisante. Or, il ne s’agit « que » d’un signe annonciateur du désastre que représenteraient l’application des lois corsets en cas d’adoption le 28 septembre.
Les mesures d’économies prévues dans le projet de budget et le PFQ visent directement les employé-es de l’État et du secteur subventionné, comme les HUG ou l’Imad (coupe de 11 millions dans les contrats de prestation, gel de l’annuité sur quatre ans, augmentation des heures d’enseignement au cycle), les familles des classes moyennes et populaires (suppression de l’indexation des subsides, réduction du montant des subsides) et les communes qui, en raison d’un massif report de charges du Canton, risquent de ne plus pouvoir assurer les prestations essentielles de proximité telles que l’accueil préscolaire, l’animation socio-culturelle ou le parascolaire.
Une austérité budgétaire qui serait nécessairement amplifiée sous le régime des « lois corsets »
Or, le projet de budget (PB) 2026 du Conseil d’État, pourtant déjà largement austéritaire, ne répond que partiellement aux exigences des lois corsets si celles-ci devaient s’appliquer. Au vu de la baisse des charges non contraintes, le PB n’est conforme qu’à la L 12574 sur la maîtrise des charges.
Par contre, la loi sur la limitation des engagements (L 12575) étant plus drastique, c’est la quasi-totalité des postes supplémentaires prévus dans le budget 2026 qui devraient être coupés. En effet, sur les 284,9 EPT supplémentaires prévus au budget, seuls environ 67 postes sont des postes d’enseignant-es liés à la croissance démographique. Si l’on enlève encore les 30 postes auxiliaires (donc hors « lois corsets »), c’est 188 postes n’auraient pas pu être octroyés. Pire encore, la Commission des finances a voté en 2025 87 postes en crédits supplémentaires. Sur ces 87 postes, seuls 18,8 EPT sont des postes d’enseignant-es pour la hausse démographique. Cela signifie que 68,2 postes déjà octroyés devraient être abandonnés en 2026, ou alors 68,2 postes actuels à l’État devraient être supprimés ailleurs, signifiant ainsi des licenciements pour les personnes occupant les postes concernés.
Finis, donc, les quelques 8,4 EPT supplémentaires à l’OPAd pour prendre soins des personnes sous curatelle. Devront-elles se débrouiller toutes seules alors que, par définition, elles ne le peuvent pas ? Tant pis pour les 10 postes nécessaires pour accélérer le traitement des dossiers pour les prestations versées directement à la population, notamment subsides et prestations complémentaires : les familles n’auront qu’à attendre. Dommage pour les 40 postes prévus pour la co-intervention en début de scolarité, les élèves en difficulté seront réorientés directement vers l’enseignement spécialisé. Exit les 10,8 EPT pour accélérer le rythme des travaux d’assainissement énergétique des bâtiments et gérer l’augmentation considérable des montants de subventions mis à disposition des acteurs privés pour la rénovation énergétique des bâtiments. Si ces postes devaient miraculeusement échapper au couperet, ils nécessiteraient des coupes ailleurs, ce qui ne manquerait pas d’opposer les services publics entre eux, entraîner des licenciements et créer une situation délétère.
Le Comité unitaire dénonce la gestion budgétaire irresponsable de la majorité de droite du Grand Conseil et du Conseil d’État. Après avoir fait passer une baisse d’impôts pour les plus riches, acceptée par la population en novembre passé, et au lieu d’investir dans les services publics et de répondre aux besoins croissants de la population, cette majorité préfère imposer des restrictions budgétaires qui pénaliseront d’autant plus les citoyen-nes les plus vulnérables. Des restrictions qui seraient encore plus drastiques en cas de double « oui » le 28 septembre.
Le Comité unitaire renouvelle donc son appel à rejeter massivement les lois « corsets » lors de la votation du 28 septembre. Il est impératif de préserver la capacité de l’État à répondre aux besoins de la population et à garantir des services publics de qualité pour toutes et tous.