Les Socialistes ont pris connaissance du projet de budget 2025 du Conseil d’Etat. Soulagé de constater que ce dernier n’a pas procédé à de nouvelles coupes massives dans les postes et les prestations à la population, le PS appelle néanmoins à des efforts supplémentaires pour soutenir les classes populaires et la classe moyenne face à l’inflation et l’augmentation incontrôlée des loyers et des primes d’assurance maladie. Pour les mêmes raisons, le PS exige une indexation pleine et entière des salaires dans la fonction publique ainsi qu’une indexation des rentes des caisses de pensions publiques. Enfin, des investissements plus ambitieux sont nécessaires pour rattraper les retards dangereusement accumulés dans les domaines de la transition écologique et démographique.
Bonne nouvelle : la majorité de droite du Conseil d’Etat semble avoir enfin pris un peu de distance avec la ritournelle du catastrophisme budgétaire. Ainsi, l’estimation de recettes fiscales relativement proches de celles comptabilisées lors du dernier exercice comptable 2023, sur la base d’une méthode révisée, est à saluer. Il est toutefois piquant de relever que cette adaptation intervient précisément l’année où le Conseil d’Etat doit absorber une baisse de recettes de près de 400 millions en raison des réformes fiscales projetées.
Les pertes anticipées en lien avec la double baisse fiscale votée cette année par la majorité parlementaire et sur laquelle la population doit se prononcer prochainement (-351 Mio au total) pèsent en effet lourdement sur le budget présenté. Les très faibles économies projetées pour les ménages modestes et la classe moyenne inférieure ne compenseront pas l’absence d’un soutien renforcé de l’Etat pour faire face à l’envolée des loyers et des primes d’assurance maladie, qui semble inexorablement devoir se poursuivre. Ce budget acte donc un accroissement certain des inégalités, au lieu de les corriger par l’adaptation indispensable des prestations, notamment à destination des plus fragiles, dont les besoins sont en nette augmentation. Au lieu de cela, les plus hauts revenus et les personnes les plus fortunées verront leurs impôts drastiquement baisser, réduisant d’autant la capacité d’action de l’Etat.
Il y a moins de 48h, nous apprenions que les primes maladie devraient grimper, l’année prochaine encore, de près de 4% à Genève, alors que les dettes contractées auprès des caisses ont déjà atteint un niveau record en 2023 – spécialement dans notre canton, qui a les primes parmi les plus élevées de Suisse et, son corollaire, le deuxième plus haut niveau de dettes y relatives. Du côté des loyers, une publication de l’OCSTAT attestait en juin d’une hausse importante, la plus forte enregistrée depuis plus de dix ans. Finalement, la forte hausse des dépenses sociales est incontestablement un indicateur de la précarisation d’une partie croissante de la population.
Face à cette situation sociale dégradée des classes moyennes et populaires, la création de 366 nouveaux postes, en particulier pour la formation et la cohésion sociale, ainsi que la mise en œuvre de mesures telles que la gratuité des transports publics pour les jeunes, l’indexation des subsides d’assurance-maladie et la hausse des dépenses sociales, aussi salutaires soient-elles, ne suffiront pas. En effet, des besoins criants de postes supplémentaires sont avérés pour soulager les services et assurer la qualité des prestations à la population, notamment dans les domaines de la santé (HUG, IMAD, EMS), du social (HG, DCS), de la formation (DIP, OMP), des transports publics (TPG) ou du Pouvoir judiciaire (TPAE).
En ce qui concerne la fonction publique, le PS se réjouit que le Conseil d’Etat ait cette année renoncé à geler la progression salariale des employé-es, comme il a régulièrement tenté de le faire par le passé. Ne pas procéder à l’indexation des salaires est toutefois incompréhensible au vu du renchérissement et des moyens dont dispose le Canton. Au-delà de la perte sèche de revenu que cela représente pour les dizaines de milliers de fonctionnaires concerné-es et leurs familles, l’exemplarité de l’Etat-employeur est une nouvelle fois mise à mal. Avec un excédent aux comptes 2023 de 1,4 milliard et un projet de budget à l’équilibre pour la première fois depuis 2014, il est tout simplement inacceptable que le Conseil d’Etat maintienne ses projets de loi visant à augmenter le taux de cotisation à la charge des salarié-es de la fonction publique, qui réduisent de facto leur salaire net.
Enfin, il semble hélas encore nécessaire de rappeler l’urgence vitale d’accélérer la transition écologique. Sans une augmentation massive des investissements et des postes dédiés à leur réalisation, Genève n’atteindra pas les objectifs fixés par le Plan climat cantonal – avec les conséquences dramatiques que l’on sait pour l’environnement et la population. Alors qu’il reste à peine plus de 5 ans pour atteindre l’objectif d’une réduction de 60% des émissions de gaz à effet de serre par rapport à leur niveau de 1990, nous n’en sommes toujours, 32 ans plus tard, qu’à une baisse insignifiante de… 5%. Des mesures drastiques, en particulier dans le domaine du transport, des bâtiments (rénovations énergétiques) et de la consommation, s’imposent urgemment.
Conscient-es de la nécessité d’obtenir une majorité parlementaire pour doter l’Etat d’un budget solide, les Socialistes entreront en matière sur ce projet de budget mais se battront pour corriger les insuffisances relevées et répondre aux besoins de la population – à court, moyen et long terme.
Pour plus d’informations :
- Caroline Marti, commissaire aux finances socialiste
- Grégoire Carasso, commissaire aux finances socialiste
- Thomas Wenger, commissaire aux finances et président du PS genevois