En analysant les listes des candidat-es dans les Conseils municpaux de toutes les communes genevoises sous l’angle du genre, nous constatons que tous partis confondus, 38 % des candidat-es sont des femmes alors que 62 % sont des hommes, sur un total de 2012 personnes.
Ces chiffres reflètent bien la situation générale du canton : les communes présentent en moyenne entre 35 % et 45 % de femmes sur leurs listes, avec des écarts plus marqués dans les petites communes, où la proportion varie parfois entre 20 % et 60 % de femmes.
Du côté des partis, les listes affichent généralement un tiers de femmes versus deux tiers d’hommes. Cela est plus ou moins la « norme » à l’exception des petites communes, où il arrive qu’une liste de parti soit entièrement masculine.
Plusieurs hypothèses méritent d’être explorées pour expliquer ce constat :
- Manque d’intérêt supposé des femmes : cette hypothèse mérite d’être questionnée, car elle ne tient pas compte des contraintes systémiques limitant la participation des femmes.
- Charge de travail et stéréotypes genrés : la fonction politique représente un investissement considérable en temps et en énergie. Ce poids s’ajoute aux responsabilités familiales, qui reposent encore majoritairement sur les femmes, les dissuadant parfois de se porter candidates.
Cependant, des exceptions existent. À Meinier par exemple, la liste “Unies pour Meinier”, composée de sept femmes, montre qu’il est possible de construire une dynamique politique féminine forte.
Une parité encore à atteindre
Ces chiffres révèlent encore une sous-représentation des femmes, comme aux élections de 2020. Dans une véritable égalité, les listes et Conseils municipaux seraient composées à l’image de notre population, d’environ 50 % de femmes et 50 % d’hommes.
Cette situation est peut-être le reflet du poids historique de notre système politique. Rappelons que la Constitution de 1846 a accordé le droit de vote et d’éligibilité à tous les citoyens (ce masculin n’étant pas générique), tandis que les citoyennes ont dû attendre 1971 pour l’acquisition de ces droits.
Même si à Genève, les femmes ont pu voter dès 1960, les hommes bénéficient toutefois de 176 ans de droits démocratiques, et les femmes seulement de 64 ans, ce qui nous mène à une proportion équivalente aux listes de candidatures actuelles, les femmes ne comptant qu’environ un tiers de l’histoire d’éligibilité des hommes.
Vers un avenir plus égalitaire ?
Pour atteindre une réelle parité, il est indispensable de lever les obstacles qui freinent les femmes, qu’ils soient d’ordre structurel, culturel ou organisationnel. La mise en place de mesures concrètes, comme peut-être des quotas, un soutien accru aux candidates, ou une meilleure répartition des charges domestiques et familiales, pourrait permettre d’accélérer ce processus.
La parité n’est pas seulement une question de chiffres, mais un impératif démocratique et une condition pour des décisions politiques véritablement représentatives et inclusives.