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Le maintien des usages professionnels dans les crèches : un enjeu essentiel

Interview d’Amanda Ojalvo, éducatrice à Lancy, Conseillère municipale socialiste en Ville de Genève et ancienne coprésidente de l’Association Genevoise des Educateurs-trices de l’Enfance (AGEDE).

Comment les usages professionnels protègent-ils concrètement les conditions de travail dans la petite enfance ?
Les usages sont le fruit de décennies de batailles syndicales pour protéger ce milieu professionnel. Concrètement, ils protègent les conditions de travail, notamment les salaires, le droit aux vacances, les formations continues… Il s’agit d’un garde-fou indispensable. Remettre en cause ces acquis déjà limités représenterait une grande perte d’attractivité pour cette profession, qui conduirait à l’aggravation de la pénurie de
personnel.

Dans quelle mesure la qualité de l’accueil serait-elle péjorée avec cette loi ?
Les défis pédagogiques actuels sont conséquents : accompagnement à la parentalité, accompagnement des enfants à besoins particuliers qui sont en nette augmentation, travail d’équipe. Un enfant d’âge préscolaire n’est physiologiquement pas capable d’apprendre plus vite et nécessite une considération particulière.

Ce travail hors présence d’enfants demande du temps. Avec la modification de la loi, nous pourrions voir une détérioration des suivis par faute de temps alloué, cela au détriment des enfants et des familles.

Quelles seraient les conséquences pour les crèches privées ?
Le secteur privé est le premier bastion qui va tomber : les salaires ne seront plus protégés, certains diplômes étrangers pas reconnus seront acceptés, des personnes non qualifiées seront engagées. Tout cela ne fera qu’empirer la pénurie de personnel qualifié, dévaloriser le milieu professionnel et la qualité de l’accueil.

Pourquoi la droite s’attaque-t-elle prioritairement au secteur de la petite enfance ?
Il s’agit clairement d’attaquer le secteur le plus faible, où la mobilisation du personnel n’est pas très importante. Il n’y a pas vraiment de culture d’appartenance à cette profession, aucun lobby ne porte les intérêts du secteur. Néanmoins, les lignes commencent à bouger avec cette attaque en règle de la droite que personne ne souhaite laisser passer.

Propos recueillis par Ludovic Iberg

Amanda Ojalvo da Silva
Conseillère municipale — Éducatrice de l’enfance

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