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Oui au contrôle élémentaire des entreprises multinationales

Par Sylvain Thévoz
Député au Grand Conseil


L’initiative pour des multinationales responsables demande quelque chose de simple : que les entreprises suisses respectent le droit humain et le droit du travail. Le principe de territorialité n’est pas une excuse pour fouler aux pieds ces droits et détruire l’environnement. Déchets toxiques provoquant des maladies graves, conditions de travail inhumaines dans les usines textiles, travail d’enfants dans les plantations de cacao, etc., le 29 novembre, nous avons le pouvoir de faire en sorte que certaines multinationales suisses n’utilisent plus le drapeau national pour masquer leurs méfaits. Ces multinationales peu scrupuleuses doivent être soumises à des normes contraignantes. Celles qui ne respectent pas la loi devront en assumer les conséquences juridiques. L’économie et le profit ne peuvent être placés au-dessus du droit commun.

Certaines multinationales voudraient nous faire croire que cette initiative met en danger la place économique suisse et les PME. C’est faux. C’est la concurrence déloyale instaurée par ces multinationales, les mauvaises pratiques qu’elles cultivent, qui mettent en danger les PME et l’économie suisse. L’initiative pour des multinationales responsables représente plus de 110 associations. Vous avez sûrement vu, suspendus aux balcons, les drapeaux orange de la campagne. Cette initiative comprend des centaines de comités de quartier constitués. Un grand nombre de nos camarades y sont déjà engagé-es. Depuis des années, des milliers de bénévoles, par leurs actions de terrain, sensibilisent les Suisse-sses aux dégâts subis par des travailleuses et travailleurs et l’image dégradée de notre pays à cause des pratiques de grandes multinationales.

Le lobby des multinationales dispose de ressources illimitées. Le fait qu’il ait sorti des affiches avant même les votations de septembre le montre. Son but : égarer les votant-es avec des menaces farfelues ; par exemple : on ne pourrait plus « manger de chocolat suisse si l’initiative était acceptée ». Cette communication vise un seul but : détourner l’attention des scandales de Glencore, Syngenta ou Nestlé, dont les pratiques sont régulièrement dénoncées par les associations actives sur le terrain. Jean Ziegler l’a régulièrement rappelé : « les prédateurs économiques et les spéculateurs devraient être jugés pour crime contre l’humanité ».

On l’a constaté avec la fin du secret bancaire en Suisse : il est inutile de s’arc-bouter sur des pratiques d’un autre âge. Il ne sert à rien de perdre encore des années avant d’arriver à l’inéluctable. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises respectent déjà les règles du jeu ; de nombreux pays ont voté des lois pour encadrer les pratiques de leurs multinationales. Il est donc temps de faire en sorte que les derniers mauvais joueurs rentrent dans le rang. C’est pourquoi, le 29 novembre, nous votons oui à l’Initiative pour des multinationales responsables.

 

Le monde d’après se dessine le 29 novembre

Interview de Tom Tirabosco
Propos recueillis par Sylvain Thévoz

 

Tom Tirabosco, artiste, scénariste et dessinateur de bandes dessinées bien connu des Genevois-es, très engagé pour les enjeux sociaux et environnementaux, a répondu à nos questions sur l’Initiative pour des multinationales responsables, au moment où de plus en plus de petits drapeaux oranges de soutien s’affichent sur les balcons, mais au moment également où Économie Suisse commence à déverser des millions dans cette campagne.

Sylvain Thévoz : Tom, que penses-tu de l’Initiative pour des multinationales responsables. En quoi est-elle une opportunité pour la Suisse ?
Tom Tirabosco : Pour moi cette initiative est essentielle et d’une importance majeure. De grands groupes comme par exemple Syngenta, Glencore ou Nestlé doivent impérativement cesser certains de leurs agissements toxiques qui mettent en péril les peuples et la nature des pays dans lesquels ils exploitent les ressources naturelles ainsi qu’une main d’œuvre sans protection sociale digne. Le « monde d’après » ne peut plus accepter ces méthodes de voyous. Ces multinationales, dont la plupart ont leur siège en Suisse, sont tellement puissantes financièrement qu’elles réussissent à déstabiliser des états et à imposer leurs conditions d’exploitation et d’extraction très facilement. Cette initiative s’attaque au cœur du capitalisme sauvage et doit être soutenue impérativement par un grand nombre de citoyens et de citoyennes qui souhaitent un autre modèle.

ST : Face à la campagne aux 8 millions d’Économie Suisse, comment pouvons-nous gagner cette votation du 29 novembre ?
TT : J’ai un immense respect pour l’engagement exemplaire de Dick Marty et je compte sur la solidarité de toutes celles et tous ceux qui ont compris avec la crise sanitaire que nous venons de traverser qu’il est urgent de mettre en place de nouvelles normes de gouvernance et que le bien-être des peuples et la sauvegarde de l’environnement et de la biodiversité doivent passer avant les intérêts des actionnaires de ces grands groupes prédateurs.

ST : Comment expliques-tu que la Suisse se prétende exemplaire et laisse ses multinationales ravager la planète et exploiter des travailleuses et travailleurs dans le monde sans en rendre des comptes ?
TT : Je ne me l’explique pas autrement que par une forme de cynisme et d’aveuglement qui est l’ADN de ce modèle. J’ai honte pour mon pays qui continue à cautionner ces pratiques d’un autre âge.

ST : Les opposant-es à l’initiative mettent en avant l’argument que nous sommes en crise économique et qu’il ne faut pas déstabiliser l’économie. Ton avis ?
TT : C’est le discours cynique du « monde d’avant ». Je crois à une économie locale, à dimension humaine, créative et en accord avec la survie des minorités et de leur environnement naturel.

 

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