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Le lobbyisme, huile ou grain de sable dans les rouages de la politique suisse ?

« Les lobbies sont partie intégrante de notre démocratie », affirme Fritz Sager, professeur de sciences politiques à l’Université de Berne. « Les parlementaires ne peuvent pas avoir une connaissance approfondie de tous les dossiers. Ils ont donc besoin d’informations. Ils en reçoivent de leurs groupes parlementaires mais aussi des lobbies. » Sur le plan théorique, le travail des lobbies trouve donc une justification. Cependant, l’argument du professeur Sager présuppose un équilibre des forces en présence, lequel est loin d’être avéré. Tout en gardant à l’esprit que des intérêts personnels biaisent l’appréciation de la situation transmise aux parlementaires, on pourrait concevoir que les politicien-nes soient à même de se faire une idée des enjeux de par la multitude des lobbies et des intérêts défendus par ceux-ci. Néanmoins, les actrices et acteurs représenté-es
par les lobbies sont avant tout d’ordre économique et ne représentent par conséquent qu’une minorité au sein de la population.

Le problème se pose de manière encore plus évidente lorsque les élu-es siègent au conseil d’administration d’entreprises risquant d’être touchées par l’imposition de nouvelles mesures. Au mois de septembre 2022, le Conseil des États a rejeté la proposition de plafonner les réserves détenues par les caisses maladie qui amassent des montants toujours plus indécents tout en continuant d’augmenter les primes payées par les assuré-es. Le coût de l’assurance maladie oblige de nombreuses personnes à faire appel à des subsides, lesquels sont pris en charge par les impôts. La communauté paie donc à la place des caisses maladie, dont la fonction première – garantir l’accès aux soins à toutes et tous – semble avoir été remplacée par des activités spéculatives. Le problème est connu de longue date : Alain Berset tente depuis 2020 de faire pression sur les assurances pour qu’elles acceptent de lâcher leurs réserves. Cependant, la loi ne les y oblige pas, et le fait que rien ne soit entrepris pour modifier la législation semble indiquer la présence d’intérêts communs entre politicien-nes et caisses maladie, ou l’influence des lobbies de ces dernières.

Enfin, selon un article paru récemment dans le Courrier, les réseaux sociaux sont utilisés pour influencer les choix des élu-es… à leur insu. À l’ère du numérique, le lobbyisme, loin d’être obsolète, entre dans une nouvelle dimension.

Zélie Gottraux
Membre du comité de la JS genevoise

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