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Des transports publics abordables et de qualité,c’est possible !

Les transports publics genevois sont un service public. Cette phrase, qui parait une évidence, mérite cependant que l’on s’y arrête un instant, pour en apprécier les significations et les conséquences. C’est tout l’enjeu de la votation du 24 novembre sur la tarification des TPG.

Coûts globaux, part financée par les impôts, prix à charge de l’usager-ère, prestations de qualité ou service minimum, utilité pour chacun-e, bénéfices pour la société : chaque service public peut être façonné selon de nombreux facteurs. En Suisse, dans le cas du transport régional – et urbain – de voyageur-euses, nous avons deux principes importants : une très haute qualité (véhicules neufs, fréquence très élevée, étendue horaire élargie, …) et, découlant de cela, une part des coûts financée par l’impôt, en règle générale à hauteur de la moitié.

Nous pouvons voir ce mécanisme de répartition des coûts dans d’autres domaines, par exemple celui de la santé. Les patient-es paient une prime d’assurance maladie et une quote-part. Les cantons assument également une part, dans les hôpitaux par exemple. Dans ce cas, nous constatons que la part à charge de « l’usager-ère » est démesurée, en particulier pour les faibles et moyens revenus, car la prime d’assurance maladie est une charge forfaitaire indépendante de ceux-ci. C’est fondamentalement antisocial.

A Genève, la population a refusé de suivre la même logique pour les transports publics. Comme beaucoup d’autres choses, les tarifs des transports publics genevois augmentaient de manière incontrôlée en ce début de XXIe siècle. Le peuple a alors décidé il y a dix ans de fixer un tarif raisonnable (3.- le billet d’une heure, 500.- l’abonnement annuel). Il a confirmé son choix en 2017 et Genève tend ainsi vers un financement socialement équitable des trams et des bus à hauteur d’environ 70 % par l’impôt.

Dans un canton à l’insolente santé financière de certain-es mais confronté à la hausse rampante de la précarité, il est indécent d’attaquer ce type de mécanismes, d’autant plus lorsque des cadeaux fiscaux dont la facture s’élève à des centaines de millions de francs sont faits exactement en même temps.

De plus, nous sommes confronté-es au dérèglement climatique et les transports y jouent un rôle crucial. Nous devons opérer un report modal massif dans un temps court. Rappelons l’objectif de 40 % de trafic individuel motorisé en moins d’ici à 2030. Cela représente un nombre conséquent de futurs ex-automobilistes. Certains trajets n’auront peut-être tout simplement plus lieu – pensons au télétravail par exemple – mais la plupart devront être faits autrement et notamment en transports publics. Une augmentation massive des prix ne saurait aider ces personnes actuellement en voiture à franchir le pas.

Contrairement aux arguments avancés par les partisan-es du oui à la loi 13487, il n’y a donc aucune contradiction à défendre des tarifs abordables, attractifs et socialement justes tout en maintenant des conditions sociales et un niveau d’offre à la hauteur de la qualité attendue par la population. Genève a les moyens de maintenir ce service public de qualité sans étouffer financièrement sa population.

Matthieu Jotterand
Député au Grand Conseil, Chef de groupe — Mécanicien de locomotive

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