Les prévisions des effectifs scolaires le démontrent sans discontinuer : nous manquons d’écoles à Genève. Les grands projets d’aménagement risquent d’accentuer ce manque (par exemple, aucun cycle d’orientation n’est à ce jour prévu dans le PAV). En 2018, un changement de principe avait été décidé pour les élèves frontalier-ères : les nouveaux et nouvelles élèves seraient désormais scolarisé-es sur le lieu de domicile alors que celles et ceux en cours de scolarité pouvaient rester à Genève, parole de Président du Conseil d’État.
En 2025, confrontée à la pénurie latente de places dans les établissements et animée par la folie des économies à tout-va, Anne Hiltpold a renié sans ménagement cette promesse, au mépris de la continuité de l’État, en décidant d’exclure les élèves frontalier-ères à la fin d’un cycle de scolarité (4P, 8P, 11P). Alors qu’après 7 ans les effectifs ont déjà baissé de moitié environ, il est incompréhensible de précipiter cette décision qui n’affecte l’effectif total d’élèves qu’à la marge.
Le lieu de scolarisation des élèves frontalier-ères est une question intéressante et n’a presque pas fait l’objet de débat à l’époque. La scolarisation à Genève est tout sauf scandaleuse lorsque l’on considère que la formation représente des coûts « d’investissement » à charge de la collectivité, avant que l’adulte ainsi formé-e ne crée de la richesse dont la collectivité bénéficiera (très majoritairement à Genève dans le cadre de notre agglomération). De plus, il s’agit en très grande partie d’élèves provenant de familles genevoises qui rencontrent des difficultés à se loger décemment à Genève : pour des raisons évidentes de cohérence nationale, une éducation suisse semble bien plus pertinente.
À l’inverse, en plus des quelques économies de bout de chandelle qui auront de toute manière lieu à la fin du délai de transition, le Conseil d’État rappelle l’importance de la scolarisation sur le lieu de domicile pour la sociabilisation de l’enfant. Peu après avoir insisté pour la création de sept écoles de pédagogie spécialisée qui vont directement à l’encontre de ce principe pour les enfants à besoins spécifiques, l’argument est ici spécieux.
L’exclusion d’enfants du système scolaire sous prétexte d’économies contrevient directement aux principes élémentaires et fondamentaux de l’éducation publique. Le PS a déposé une motion pour laisser la transition se dérouler de manière fluide, sans exclusion d’enfants.