Le 30 novembre prochain, nous voterons pour l’Initiative pour l’avenir (IPA), lancée par la Jeunesse socialiste suisse. Cet objet fédéral, dont l’objectif est de taxer les ultras-riches pour sauver le climat, déchaîne depuis quelques mois déjà, les foules et les médias. Alors pourquoi est-il essentiel de se mobiliser, et pourquoi la contre-campagne de la droite est-elle aussi violente ?
Actuellement, le système économique mondial nous promet un changement climatique à 2,7° d’ici 2100, soit la disparition d’un très grand nombre d’espèces, des vagues de chaleur encore plus importantes, et la mise en danger toujours plus grande de populations déjà précarisées, celles du sud global en premier plan. Les réponses apportées par le capitalisme et les ententes internationales sont insuffisantes : individualisation d’une problématique globale, greenwashing et objectifs de réduction des émissions carbones non contraignants, aucune de ces solutions ne nous sauvera de la catastrophe annoncée. Elles permettent au contraire de continuer l’exploitation du monde au profit d’une partie toujours plus fine de la population.
Dans ce contexte, nous avons des priorités claires. Renforcer les mouvements politiques priorisant une transition écologique et sociale, convaincre la population et créer des lois qui impacteront durablement et positivement la vie des citoyen-nes. L’IPA est une des réponses de la Jeunesse socialiste à ces besoins : une taxe sur l’héritage de 50 % avec une franchise unique de 50 millions de francs (en dessous, vous n’êtes pas concerné-e) permettra en effet de lever 6 milliards de plus par an pour apporter les changements nécessaires notamment dans le domaine du logement, du travail et des services publics. L’apport annuel de la Suisse se situe autour des 2 milliards par an, sur les 12 nécessaires pour une transition écologique suisse conséquente.
Au-delà de l’urgence climatique, cette initiative s’attaque également à l’aberration que sont les méga-héritages car ces derniers sont encore et toujours un outil très efficace de maintien des inégalités et de spoliation des richesses auquel une élite est très attachée. La vague de mobilisation de la droite contre l’initiative confirme cet état de fait et que nous visons juste. Depuis l’été, bien avant le début de la campagne, dans des réactions outrées surmédiatisées, de braves gens s’inquiètent du départ de Suisse des ultra-riches. Ne vous en faites pas trop, cher-ères UDC ou PLR, l’initiative prévoit la mise en place de mesures dissuasives en cas de tentative d’échapper à l’impôt. Votre légende d’un départ massif de nos richesses nationales, vous l’évoquez à chaque proposition de répartition des richesses. Ne vous vient-il pas à l’esprit que des impôts similaires existent déjà, au sein même de notre pays, et que les critères d’établissement des grandes fortunes dans un autre pays sont beaucoup plus nombreux qu’une simple fiscalité avantageuse ? Cet impôt concernera 2500 personnes tout au plus à l’échelle nationale. Il y a donc 99,95% de chances que vous n’en fassiez pas partie et si c’est le cas sachez qu’en attendant que vous passiez à la caisse pour votre responsabilité, nous acceptons les dons.
Car oui, les ultra-riches sont responsables d’une part disproportionnée de la population. En Suisse, une personne du 1 % le plus riche émet en moyenne 195 tonnes de CO₂ par an, contre seulement 9 tonnes pour une personne à faible revenu. Certain-es milliardaires, comme Ernesto Bertarelli, dépassent les 10 000 tonnes annuelles rien qu’avec leurs yachts et jets privés. Mais l’essentiel des dégâts provient de leurs investissements : entre 85 % et 95 % de leurs émissions totales. Des familles comme celle de Gianluigi Aponte, propriétaire du MSC Group, génèrent à elles seules des millions de tonnes de CO₂. Sa compagnie maritime émet presque autant que tout le territoire suisse. Pendant que les classes populaires réduisent leurs émissions depuis 30 ans, les ultra-riches les ont augmentées de 30 %, tout en s’enrichissant grâce à des placements polluants. Ils et elles profitent d’un système économique qui détruit la planète, sans en subir les conséquences.
Alors que faire face à ces attaques et ces injustices ? Soutenons-nous les un-es les autres dans cette campagne, formons-nous avec le matériel et les documents mis à disposition sur le site de la JS, parlons-en à nos ami-es, à nos familles, et portons ensemble une écologie financée de manière socialement juste et solidaire.
Olivier Favet
Membre du comité de la JS genevoise