Aller au contenu directement

Crise en afghanistan : et maintenant ?

Ada Marra, Conseillère nationale
et Vice-présidente du PS suisse


Quasiment deux mois après la prise de pouvoir des Talibans en Afghanistan et la (tentative) de fuite de milliers de personnes, la Suisse peut jouer sur 2 tableaux en matière d’accueil de réfugié-es :

1. la situation des Afghan-es déjà en Suisse

2. l’accueil de nouvelles personnes provenant d’Afghanistan avec un visa humanitaire ou par regroupement familial

Or, le Conseil Fédéral pour l’instant joue honteusement l’attentisme. Force est de constater qu’il n’y a pas d’amélioration en vue pour les 11’000 Afghan-es avec un permis provisoire en Suisse. On les laisse dans une précarité de statut alors même que nous savons que la situation en Afghanistan est faite pour perdurer. Avec le permis F, les conditions posées pour le regroupement familial rendent ce dernier pratiquement impossible. Ainsi, la règle d’attente imposée des 3 ans avant de pouvoir le demander ne répond pas du tout à l’urgence de la situation.

De même, l’obtention de visas humanitaires semble aujourd’hui bouchée puisque les critères pour l’avoir ne reflètent en rien la situation réelle dans le pays, il n’y a notamment pas de représentation suisse dans le pays pour pouvoir déposer la demande. Et pour celles et ceux qui ont réussi à sortir du pays, s’ils-elles
demandaient un visa humanitaire ils-elles seraient considéré-es dans un lieu sûr par nos autorités !
En réalité, la seule solution d’accueil semble être aujourd’hui pour le Conseil Fédéral ce que l’on appelle le « ressettlement » : faire venir depuis les pays tiers et par voie sûre des personnes qui auront été proposées en tant que réfugiées attitrées par le HCR. Ce qui est une bonne chose.

Mais regardons les chiffres : ce programme mis en place depuis 2013 permet chaque année à 800 personnes de venir en Suisse. 800 personnes…La proposition du CF est de continuer à ce rythme, sans en augmenter le contingent. En d’autres termes, les Afghan-es remplaceront par exemple des Syrien-nes, comme si ces dernier-ères n’avaient plus besoin de nous.

En 8 ans, la Suisse a accueilli environ 6’300 personnes par ces programmes spéciaux. Si notre pays, notre parlement, notre Conseil Fédéral n’ont pas de volonté politique d’agir pour pouvoir accueillir plus de personnes, alors je crois qu’il faudra céder les conventions de Genève et les différentes organisations internationales à un autre pays.

Le PS, mais également le HCR, des villes suisses ou encore les dizaines de milliers de personnes qui ont signé notre appel ou des pétitions, demandent à la Suisse d’améliorer le statut des Afghan-es en Suisse et d’ouvrir un peu plus grand notre porte.

A lire aussi

Grands Esserts : bientôt vingt ans de tergiversations

Destitution : une soupape de Sécurité pour notre démocratie

Femmes je vous aime !