Aller au contenu directement

Initiative contre l’élevage intensif: pisser sous la douche ne suffira pas !

L’initiative contre l’élevage intensif, sur laquelle nous allons voter le 25 septembre prochain, vise à généraliser le cahier des charges du bio à tous les aliments d’origine animale consommés en Suisse, qu’ils aient été produits ici ou importés. L’initiative laisse un temps de mise en œuvre de 25 ans afin d’éviter une pression financière trop forte sur les exploitations.

La consommation de viande est aujourd’hui massive. En Suisse, elle est de 200 g par jour et par personne (en incluant poisson et fruits de mer). La viande est partout et l’on en mange à presque tous les repas. Pour répondre à cette consommation intensive, l’élevage s’est adapté et est, lui aussi, devenu intensif. On abat en Suisse 78 millions de poulets de chair par an, dont seulement 7 % auront vu le ciel avant leur abattage à 5 semaines. En ce qui concerne les cochons, 2,8 millions vivent avec un minimum de 0,9 m² par tête et 35 % seulement ont un accès – bétonné et partiel – à l’extérieur. Ils sont encore moins nombreux à être élevés en plein air : 1 sur 1500 en 2016.

Si l’initiative est acceptée, ces conditions devront être améliorées d’ici à 2047. Les prix vont augmenter (la viande bio étant environ 50 % plus chère) mais surtout, la production va baisser, et c’est probablement l’externalité positive la plus importante.

Car au-delà de la question du bien-être animal, qui devrait nous interpeller en tant que Socialistes, la production de viande est une catastrophe pour l’environnement. 1 kg de bœuf produit autant de CO2 que 150 km en SUV. C’est 30 fois plus que du tofu suisse et 100 fois plus que des légumes. L’impact est tel que le bilan carbone est globalement le même que la viande soit produite localement ou importée d’Australie, l’empreinte du transport étant négligeable dans le total. De tous les comportements individuels vertueux, la réduction de consommation de viande est, et de très loin, le plus efficace. Le GIEC donne un potentiel de réduction de 20 % de nos émissions mondiales, là où le confinement de 2020 n’a engendré qu’une baisse (temporaire) de 5 %.

Pour rappel, notre parti s’est engagé à réduire de 90 % nos émissions d’ici 7 ans. Il nous faudra des mesures fortes pour tenir cet engagement ; pour reprendre le slogan de « Time for the planet », pisser sous la douche ne suffira pas ! La fin de l’élevage intensif, si elle ne sauvera pas le monde, va au moins dans le bon sens.

Pierre-Louis Schmitt
Commission de l’environnement et de l’énergie

A lire aussi

Une rentrée sous le signe de l’union

Marine Pochon

Réforme de l’impôt anticipé: NON à la fraude fiscale 

Carole-Anne KastConseillère d'Etat

AVS 21 ou comment creuser davantage les inégalités

Laurence Fehlmann RielleConseillère nationale
Christian DandrèsConseiller national