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Le mépris bourgeois 

Nombre de ménages souffrent financièrement. Il y a de quoi ! Le niveau des loyers continue à grimper. Les primes d’assurance maladie ont atteint un niveau insupportable et vont encore augmenter à la fin de cette année. Les prix de l’énergie explosent. L’inflation redémarre fortement et atteint près de 3 %. Elle érode rapidement le pouvoir d’achat. En effet, comme le patronat n’adapte pas les salaires avec effet immédiat, il y a perte de salaire réel. Pour maintenir le pouvoir d’achat des retraitées et retraités, une adaptation des rentes de 2,7 %, voire plus si l’inflation poursuit sa progression, doit impérativement avoir lieu au 1er janvier 2023. C’est seulement possible si le Conseil fédéral adopte une règle spéciale, car les modalités légales actuelles d’un mix entre indice des prix et des salaires ne permettent pas de répondre à l’exigence constitutionnelle d’une adaptation minimale à l’inflation. De leur côté les locataires devront faire face encore à des hausses de loyers, mais surtout à une substantielle augmentation des charges de chauffage courant 2023.

Or, la majorité bourgeoise méprise celles et ceux qui souffrent financièrement. En matière de loyer, elle avance inexorablement avec des projets facilitant les résiliations de bail, les augmentations de loyer et donc les rendements immobiliers. Or, une baisse générale des loyers abusifs au niveau légal permettrait de donner du souffle au budget des ménages. Cette majorité politique refusait lors de la dernière session de réduire les réserves exorbitantes en main des caisses maladie comme le demandait entre autres une initiative genevoise. Or, ces réserves dépassent de 100 % le niveau légal minimum.  Des milliards de francs qui auraient pu revenir aux ménages. À cela s’ajoute que nombre de parlementaires bourgeois déposent dans les deux Chambres fédérales des demandes de baisses de taxes et d’impôts qui profitent avant tout aux hauts revenus. Dernière invention, une déduction sur l’IFD que les ménages les plus modestes ne payent même pas ! L’aide directe aux ménages avec des prestations comme le chèque fédéral proposé par PSS ou l’allocation énergétique proposée par l’ASLOCA sont les seules aides concrètes qui permettent de combler la perte du pouvoir d’achat de toutes celles et tous ceux qui disposent d’un revenu modeste ou bas.

La justice sociale passe actuellement aussi par la défense résolue du pouvoir d’achat. La bataille syndicale et politique concerne les salaires, les rentes, les primes d’assurance maladie, les loyers et bien d’autres postes du budget des ménages. À Berne, cette bataille est déjà engagée. Elle ne fait que débuter, mais le mépris bourgeois pour les gens modestes y éclate déjà au grand jour.

Carlo Sommaruga
Conseiller aux Etats — Avocat, Président ASLOCA Suissse, Président Solidar Suisse

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