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Étouffer les services publics : c’est 2 fois NON !

Imaginons-nous dans un an. En juin 2026, malgré un résultat meilleur qu’annoncé (encore), en raison de la massive baisse fiscale initiée par la droite, les comptes plongent dans le rouge. Rien de très alarmant à ce stade, la réserve conjoncturelle est encore bien remplie, le coût de l’emprunt quasi à zéro et la dette a un niveau historiquement bas. Mais déjà, la petite musique lancinante se fait entendre : « retour à l’équilibre à tout prix ! ». Et rien ne sera plus simple pour la majorité de droite, l’application des deux lois dites « Corsets » fera le travail à sa place. Même plus besoin de se « salir les mains » en désignant les domaines où il faut réduire les dépenses.

En effet, ces deux lois prévoient qu’en cas de budget déficitaire, l’augmentation des charges ne peut pas excéder la hausse démographique et la création de nouveaux postes permanents – hors postes enseignant-es – n’est pas possible. De légères hausses supplémentaires sont possibles mais requièrent le vote du budget par 2/3 du parlement. Au-delà du fait que cela n’arrive presque jamais, cela revient à octroyer à une minorité UDC-PLR la possibilité de bloquer l’adoption du budget, ce qui est profondément anti-démocratique.

Anticipons maintenant à quoi pourrait ressembler, dans ces conditions, le budget 2027.

Déficitaire (comme d’habitude), la croissance des charges devra se limiter à 1 % (hausse démographique) et hormis les enseignant-es, aucun poste ne pourra être créé. Le problème c’est que, vieillissement de la population oblige, le nombre de personnes sous curatelle augmente massivement et l’office de protection de l’adulte n’arrive plus à suivre. Deux solutions : mettre l’office (OPAd) sous pression et réduire la qualité du suivi en lui demandant de faire plus avec autant ou supprimer des postes ailleurs (avec licenciement à la clé) pour pouvoir créer des postes à l’OPAd. Et ce sera comme ça partout. La santé des jeunes se détériore à vitesse grand V, dommage pour elles et eux ! Aucun psychologue ne pourra être engagé pour leur venir en aide. Le parlement vote des investissements (nouvelle patinoire, lignes de tram, rénovation des bâtiments), mais qui va se charger de piloter ces projets ? Le contrat de prestations des TPG prévoit une augmentation de 5,2 % de la subvention pour augmenter l’offre, on met une croix dessus. Quant au téléphone du CSP, il continuera à sonner désespérément occupé car les
+14,4 % de subvention prévus pour soulager ce service social essentiel mais saturé, ne pourront pas être versés. Et ces renoncements, restrictions, coupes s’accumuleront année après année, laissant des prestations à la population ravagées et des services publics
exsangues.

Pas un problème pour les 20 % les plus aisé-es qui pourront se payer les services de privés pour s’occuper de leurs parents âgé-es, aider leurs enfants en difficulté et iront se faire opérer dans une clinique privée pour ne pas devoir attendre des mois avant de se faire opérer. Ce sont en revanche l’immense majorité des ménages des classes moyennes et populaires qui subiront les conséquences de ces lois corsets. C’est nous qui devrons jongler avec des solutions de gardes bricolées pour garder nos enfants durant l’été ou nous occuper, à côté de notre boulot, de nos parents âgé-es. Nous qui aurons moins facilement accès à la
justice et ce sont nos enfants qui subiront la détérioration des conditions d’apprentissage à l’école publique. C’est donc nous qui devons nous mobiliser pour que ces deux lois soient refusées en votation populaire le
28 septembre prochain.

Caroline Marti
Députée au Grand Conseil

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