Le Musée international de la Croix-Rouge (MICR) est au cœur de l’engagement de la Suisse en matière de droit international humanitaire et de la Genève internationale, aujourd’hui attaqués par Donald Trump. Il conserve aussi un patrimoine unique : la médaille du Prix Nobel de la paix d’Henry Dunant ou encore les archives des prisonniers de la Première Guerre mondiale.
Depuis plus de trente ans, la Confédération est consciente de l’importance nationale du Musée puisqu’elle le soutient, à hauteur de 1,1 million de francs par an, via le Département des affaires étrangères (DFAE).
Le récent plan d’économie du Conseil fédéral prévoyait néanmoins que ce soutien soit supprimé et que le Musée puisse tout au plus concourir, sans garantie, à un appel d’offre de l’Office fédéral de la culture (OFC).
L’idée d’un retrait du DFAE était financièrement un grave problème, mais brisait aussi un lien symbolique essentiel. En effet, l’institution représente bien plus qu’une structure muséale, elle incarne un pan entier de notre image à l’international.
Face à cette décision incompréhensible, la mobilisation a été forte. Les médias se sont emparés du sujet. De mon côté, j’ai déposé une motion au Parlement. En parallèle, le Canton de Genève a tenté de négocier un accord tripartite avec l’OFC et le DFAE. Mais pendant des mois, rien, aucun résultat concret.
Lors de la session de juin, la motion que j’avais déposée a été mise à l’ordre du jour. C’était l’occasion idéale de faire le point sur ce mystérieux accord tripartite. Après de nombreux échanges informels, il est vite apparu que le DFAE n’était pas prêt à finaliser sa contribution et jouait la montre.
Il a donc fallu construire une majorité en allant sensibiliser les 200 parlementaires, et ce, un à un. Le contexte était délicat puisque Le Centre, le PLR et l’UDC recommandaient le rejet de la motion. Les retours ont néanmoins été très positifs et le matin du vote, la motion pouvait compter sur une majorité claire, ce qui m’a donné la légitimité d’entamer des négociations. J’ai informé le Conseiller fédéral Cassis que j’étais prête à retirer ma motion s’il annonçait devant le plénum que l’accord tripartite était conclu, s’il confirmait que le DFAE allait continuer à soutenir le Musée financièrement et enfin s’il promettait d’ancrer ce soutien d’une manière ou d’une autre dans le cadre du message “État hôte”. Après un moment assez intense où les rapports de forces ont été à leur paroxysme, il a fini par accepter. Le but de la motion était alors atteint.
Il faudra surveiller l’application de ces déclarations, mais le MICR peut respirer ! Ouf !