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Contre un démantèlement de l’AVS: NON à la loi AVS21

Lydia Schneider Hausser

En approchant de mes 64 ans, je croise de plus en plus fréquemment des personnes qui sont à la retraite. Et ce que je constate, c’est leur implication dans des associations, l’aide apportée à des proches, le baby-sitting des petits enfants, ou encore de nouvelles activités comme écrivain-es ou mentors ; en bref, de très nombreuses personnes à la retraite sont actives. Qui dit retraite ne dit pas systématiquement dépendance mais bien activités diverses et très souvent utiles à la collectivité. Comment le monde tournerait-il sans ces personnes ?

Comment ne pas réagir au démantèlement des revenus des personnes à la retraite par les chambres fédérales ? Comment ne pas réagir au fait que, tant au Conseil National (144 député-es sur 200, 58 %) qu’au Conseil des États (39 sénateur-rices sur 44), la majorité des élu-es sont des hommes ou encore que la moyenne d’âge des élu-es est de 50 ans pour le Conseil National et de 56 ans pour le Conseil des États. Avec ces caractéristiques, nous sommes face à une population d’hommes qui pourront choisir de prendre leur retraite à 60 ans, car leurs revenus sont largement suffisants pour avoir un deuxième pilier (LPP) de 4000.- CHF ou plus par mois. Il suffit de regarder les liens d’intérêt des élu-es pour nous rendre compte que la majorité a non seulement les indemnités relatives au mandat électif et un revenu lié à leur activité professionnelle, mais encore que la plupart font partie de divers conseils rémunérés (au Conseil National, 37 élu-es ne signalent pas de liens d’intérêt financiers, 29 en signalent 1 et certains en cumulent jusqu’à 24 ; au Conseil des États : seules 5 personnes ont un ou pas de liens d’intérêts rémunérés).

Alors, comment leur faire comprendre que chaque soir pendant des années, des travailleuses et des travailleurs du bâtiment, de la vente, des services de soins, de l’industrie… rentrent à la maison épuisé-es, que lorsqu’après des années de bons et loyaux services des employé-es se font remercier à l’aube de la cinquantaine perdant par la même occasion leurs rentes de caisse de pension – le capital n’est certes pas perdu, mais ne permet pas de faire bouillir la marmite très longtemps ?

L’espérance de vie n’est pas la même selon la classe sociale et encore moins l’espérance de vie en bonne santé. Une étude française de l’Insee (données de 2018 et publiée dans Libération du 01.12.2021) montre que parmi les 5 % les plus riches seuls 5 % sont décédés à 62 ans alors que si l’on prend le 5 % des plus pauvres, 25 % sont déjà décédés au même âge. Il faut attendre les 80 ans des plus riches pour que le quart d’entre eux soient décédés alors que 60 % de la population la plus pauvres n’aura pas atteint cet âge-là.

En Suisse, la médiane de la rente vieillesse (LPP) versée pour la première fois en 2019 est de 1’160 CHF/mois pour les femmes et de 2’144 CHF/mois pour les hommes[1] (valeurs identiques à 2018).

88 % des ressortissant-es suisses vivant en Suisse touchent une rente AVS complète (2’390 CHF/mois pour une personne seule et 3’385 CHF/mois pour un couple marié). La rente AVS moyenne en décembre 2020 est de 1’866 CHF/mois pour les hommes célibataires et de 1’894 CHF/mois pour les femmes célibataires. Elle est respectivement de 2’002 CHF/mois et 1’520 CHF/mois dans les couples mariés[2] (aucun document de la Confédération ne présente la médiane des rentes AVS versée).

Il est facile de réaliser que la rente AVS seule ne permet à personne de vivre, dans le sens simplement se loger, se nourrir, se soigner. Il est également évident que près de 50 % de cette population tire le diable par la queue et que les femmes sont encore plus mal loties.

La majorité de droite du parlement veut nous faire croire que nous sommes face à un problème de financement des retraites et qu’il est nécessaire de diminuer le nombre de bénéficiaires avec une mesure aussi grossière que l’élèvement de l’âge de la retraite.

Certes, la population résidant en Suisse vieillit, certes une majorité dans ce pays refusent que de jeunes étrangers viennent travailler en Suisse, mais le véritable problème est plus profond. Contrairement à ce que bon nombre essaient de nous faire croire, les inégalités sont essentiellement des inégalités de classes sociales. La lutte des classes est toujours aussi réelle, aussi présente.

Lorsque les gens en ont les moyens, ils peuvent prendre leur retraite, sinon ils sont condamnés à travailler et même à travailler encore plus, comme si ces derniers n’avaient pas droit à se reposer et à profiter de faire enfin ce qui leur fait envie et surtout à la reconnaissance d’avoir participé à l’enrichissement des plus riches par une exploitation souvent sans vergogne !

En tant que Socialistes, même si une partie d’entre nous ont la possibilité de choisir l’âge de sa retraite, nous devons lutter pour que chacune et chacun ait cette possibilité de faire autre chose dans sa vie que de travailler.

Le référendum contre le démantèlement d’AVS 21 est un premier pas pour stopper les agressions incessantes de la droite contre les plus prétérités de notre société. 100 % des socialistes devraient sans aucun état d’âme rejeter cette loi scandaleuse. Notre prochaine étape sera de faire largement accepter notre initiative instaurant une 13ème rente AVS. Dans la foulée, nous combattrons comme il se doit l’initiative des jeunes PLR visant à augmenter encore plus l’âge de la retraite.

Nous devrons lutter pour un changement de vision afin que

  • le droit à la retraite soit acquis après 38 ans de travail et ne soit plus lié à l’âge,
  • le 1er pilier (AVS) et du 2ème pilier (LPP) soient fusionnés.

[1] https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/securite-sociale/prevoyance-professionnelle.html

[2] https://www.bsv.admin.ch/bsv/fr/home/assurances-sociales/ahv/statistik.html

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