Notre canton vit une situation paradoxale : alors que l’économie se porte incroyablement bien et que les recettes fiscales des entreprises battent des records, le nombre de personnes en recherche d’emploi ou à l’aide sociale ne diminue pas. Ceci est d’autant plus déroutant que les associations professionnelles ne cessent d’alerter les pouvoirs publics sur le risque de pénurie de main d’œuvre dans certains secteurs de l’économie. Il est ainsi grand temps de mener à Genève une politique beaucoup plus volontariste et ambitieuse en faveur de l’emploi et de la formation professionnelle.
On évoque en effet 25’000 places de travail à repourvoir en Romandie, soit près de deux fois plus qu’il y a trois ans. Avec le vieillissement programmé de la population et la baisse des actifs, ce chiffre ne va faire qu’augmenter. Or, Genève compte aujourd’hui 341’000 places de travail, soit 5% de plus qu’il y a deux ans à peine. C’est 100’000 places de plus que la population active du canton (237’000 personnes)! Il y a donc potentiellement des emplois en suffisance et la logique voudrait que chacune et chacun puisse s’insérer dans ce marché du travail abondant et florissant.
Mais paradoxalement, malgré cette supposée vitalité économique, Genève connaît un chômage endémique, systématiquement plus élevé que dans le reste de la Suisse, et qui vient de repasser au-dessus de la barre symbolique des 4%. Il y a ainsi 15’000 demandeurs d’emploi dans notre canton, auxquels il convient de rajouter le nombre des adultes à l’aide sociale et sans emploi et qui représentent environ 15’500 personnes. Ceci, sans parler des personnes, probablement nombreuses, en recherche d’emploi et qui ne touchent ni prestations sociales ni indemnités chômage, et qui échappent au radar des statistiques.
La réponse à cette problématique réside dans le décalage existant entre le marché du travail et le niveau de qualification professionnelle de la population sans emploi. Près de la moitié des bénéficiaires de l’aide sociale n’ont pas formation au-delà de l’école obligatoire. Ils et elles sont ainsi bien peu armés pour faire face à un marché du travail exigeant comme le nôtre qui est principalement orienté vers les services et nécessite une main d’œuvre particulièrement qualifiée.
L’entrée en vigueur au 1er janvier 2025 de la loi sur l’aide sociale et la lutte contre la précarité est une mesure phare de cette législature qui devrait apporter une réelle plus-value pour toutes celles et ceux qui se retrouvent en difficulté de réinsertion. Constituant une révolution copernicienne dans la manière dont on assurera désormais le suivi et l’accompagnement des bénéficiaires de l’Hospice général, cette nouvelle législation permettra de renforcer considérablement les possibilités de formation, de certification et de requalification des personnes à l’aide sociale. Il faut ajouter à cela le récent déplafonnement des bourses d’études et l’assouplissement des critères permettant d’y accéder, depuis 2021, qui permettent aujourd’hui à de plus en plus de personnes de trouver un soutien financier bienvenu à leur projet de reconversion professionnelle.
En tant que Socialistes, nous savons depuis longtemps combien la formation professionnelle et continue est l’une des mesures les plus efficaces pour lutter contre les inégalités et l’exclusion. Dans un canton aussi riche et dynamique que le nôtre sur le plan économique, nous avons toutes les cartes en mains pour assurer à chacune et chacun une place sur le marché du travail. Inverser la courbe de l’aide sociale par la réinsertion, voilà ma priorité pour cette législature.
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