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Allocation de formation: un levier à développer pour l’accès à l’emploi!

Romain de Sainte Marie et Léna Strasser
Député-es au Grand Conseil

Lors de la session plénière des 3 et 4 octobre, le Grand Conseil a débattu de deux projets de lois socialistes visant à soutenir et encourager la formation continue par le biais d’un renforcement des allocations existantes. Par 63 non contre 29 oui et 1 abstention, l’UDC, le PLR, Le Centre, LJS et le MCG ont refusé d’entrer en matière sur le premier projet, tandis qu’un sursis a pu être obtenu pour le second, qui a été renvoyé en commission.

La formation est l’une des clés de voûte de la lutte contre le chômage et le soutien à une insertion professionnelle durable. Trop souvent, les politiques de l’emploi privilégient un retour rapide à l’activité, au détriment de l’acquisition de compétences, la qualification et le placement durable en entreprise. Cette approche cherche à réduire les statistiques du chômage à court terme, mais elle est inefficace sur le long terme, augmentant la précarité et les inégalités et reportant les coûts sur d’autres politiques publiques. Beaucoup de personnes se retrouvent exclues du marché de l’emploi ou contraintes d’accepter des salaires insuffisants et, au final, de devoir recourir à l’aide sociale.

La loi fédérale sur l’assurance-chômage permet aux demandeurs d’emploi d’accéder à une formation professionnelle avec une allocation (AFO) pouvant atteindre 3 500 CHF par mois. C’est la seule mesure offrant une formation qualifiante et certifiante dans le cadre de la loi fédérale sur le chômage. A Genève, les AFO sont pourtant largement sous-utilisées : environ 70 formations pour 15 000 demandeurs et demandeuses d’emploi, soit un taux de seulement 0,47 %.

A notre avis, le dispositif AFO est trop limité : il s’adresse uniquement aux chômeurs et chômeuses de plus de 30 ans et ne concerne que les formations duales (AFP ou CFC). Ces restrictions sont aujourd’hui inadéquates face aux mutations rapides du marché du travail, telles que la numérisation et la robotisation, et à la pénurie croissante de travailleurs et travailleuses dans certains métiers.

Les jeunes n’ayant pas terminé leur formation ou souhaitant se réorienter vers une formation après une période en emploi ne devraient pas attendre d’avoir 30 ans pour accéder à cette opportunité. De plus, la formation duale n’est pas la seule voie pertinente dans un marché du travail en pleine transformation.

Le groupe socialiste au Grand Conseil genevois propose donc des mesures concrètes pour dynamiser l’usage des AFO et mieux soutenir les personnes en recherche d’emploi :

  1. Revalorisation des revenus des personnes en formation, en alignant les AFO sur le salaire minimum en vigueur dans le canton.
  2. Fixer un objectif chiffré : faire passer à au moins 2% le nombre de demandeurs d’emploi bénéficiant d’une AFO.
  3. Élargir l’accès aux AFO dès 22 ans, sans attendre l’épuisement des droits au chômage.
  4. Ouvrir le champ des formations éligibles au-delà du modèle de formation duale, pour s’adapter aux nouvelles réalités du marché du travail.

Ces actions sont essentielles pour une politique de l’emploi plus inclusive et tournée vers l’avenir. Le développement des compétences et des qualifications doit devenir une priorité pour garantir un retour à l’emploi stable et pérenne et une période de formation effectuée dans de bonnes conditions en tant qu’adultes.

Thématiques associées: Éducation et formation , Emploi

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