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Les seniors sont notre avenir

Thierry Apothéloz
Conseiller d'Etat — Chargé du Département de la cohésion sociale (DCS)

Avez-vous aussi, Camarades, ce sentiment que lorsqu’on évoque le vieillissement de la population, on aborde la question le plus souvent sous l’angle médical ou sous son corollaire du coût de la santé? Oui, c’est vrai, il paraît qu’on coûte aussi cher durant nos deux dernières années de vie que pendant tout le reste de notre existence. Parfois, on parle aussi de ce bouleversement démographique comme d’une bombe à retardement, qui aura des répercussions sur l’âge et le montant de nos retraites, et sur la diminution inexorable du nombre d’actives et d’actifs qui permettront de maintenir à flot ce cortège grandissant de grabataires improductifs. Il va bien falloir s’en occuper de ces vieux. Et ils vont nous coûter bien cher… Autant le dire tout de suite: je ne partage pas cette vision négative et irrespectueuse de la vieillesse. Bien au contraire!

Car puisque la révolution démographique qui nous attend demain est inéluctable, autant faire preuve dès aujourd’hui de résilience et d’enthousiasme et prendre l’allongement de la durée de vie comme une chance de repenser le contrat social qui nous unit. Surtout, il nous faut le penser non pas comme un risque ou une menace, mais bien comme l’opportunité d’inventer ensemble la société du futur. N’envisager le vieillissement que sous l’angle des coûts est réducteur. Il faut faire un pas de côté: que peut nous apporter ce bouleversement générationnel de positif? Et comment s’y préparer au mieux?

C’est dans cet état d’esprit que j’ai écrit un petit livre programmatique, “La Force de l’âge” (éditions Slatkine), qui vise à accueillir avec bienveillance le vieillissement de la population. Certes, il ne faut pas prendre la chose à la légère, car on peut vite, en faisant preuve de paresse ou d’aveuglement, nous retrouver avec un fossé générationnel qu’il nous sera difficile de combler.

Et pour ne pas tomber dans ce piège, il faut commencer par modifier en profondeur notre vision des Seniors et Aînés. Il faut changer de focale sur cette image fausse de dépendance, de fragilité, de souffrance ou de déchéance morale et physique que constitue la vieillesse. Les formidables progrès de la médecine font qu’on vit aujourd’hui non seulement plus longtemps, mais également en meilleure santé qu’il y a à peine 30 ans.

On arrive plus souvent à la retraite en pleine forme, avec encore de belles années à pouvoir profiter de la vie, donner de son temps, partager son expérience et vivre au final une vie citoyenne engagée et productive. Certes, les inégalités sociales et les opportunités de départ dans la vie qui sont données aux un-es et aux autres se reproduisent dans la vieillesse. Les inégalités ignorent les effets de l’âge. Mais c’est là une question qu’il nous faut traiter à la racine. Elle est même le fondement de notre engagement socialiste.

Nos Seniors ne sont pas des grabataires, loin s’en faut. Ils et elles demeurent des citoyen-nes à part entière qui méritent une place toute autre que celle qui correspond encore trop souvent à la représentation négative qu’on s’en fait. C’est peut-être là l’enseignement premier que je voudrais qu’on retienne de mon livre.

Genève, qui se targue souvent (à raison, la plupart du temps) d’être en avance sur bien des domaines de la politique sociale a bizarrement jusqu’ici raté le coche en ce qui concerne la révolution démographique. Fribourg, le Valais ou le canton de Vaud ont déjà depuis plusieurs années lancé des programmes ambitieux et novateurs visant à mettre en œuvre une politique intégrée du vieillissement, c’est-à-dire qui comprend celui-ci de manière transversale. Car si c’est la question sanitaire ou budgétaire qui nous vient en premier à l’esprit lorsqu’on parle des Seniors, on oublie que le vieillissement concerne l’ensemble des politiques publiques: mobilité, intégration, discriminations, logement, aménagement, social, éducation. Il est ainsi grand temps pour notre canton de sonner le rassemblement de tous les acteurs étatiques, institutionnels, politiques et associatifs pour travailler ensemble à une vraie politique des Seniors. On a encore le temps – à condition de s’y mettre rapidement – de rattraper le temps perdu. C’est aussi à cela que veut servir ce livre.

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