Aller au contenu directement

Loi sur les horaires d’ouverture des magasins : NON au passage en force !

Romain De Sainte Marie
Député au Grand Conseil — Chef de service à l'Université de Genève

Les partis de droite et milieux patronaux, main dans la main, viennent de passer en force au Grand Conseil une nouvelle extension des horaires d’ouverture des magasins (LHOM). Au-delà de l’inefficacité de la mesure pour la vitalité du commerce de détail, il s’agit d’un coup terrible porté au partenariat social déjà bien mal en point dans ce secteur.

Petit historique : en 2016, le peuple avait accepté le contreprojet à l’initiative 155 qui permettait   l’ouverture des commerces le 31 décembre et 3 dimanches par année sous condition de l’existence d’une convention collective de travail (CCT) étendue dans le secteur. Deux ans et demi après et en l’absence d’un accord au sujet d’une CCT étendue, les milieux patronaux et partis de droite passaient au parlement et devant le peuple en élargissant ces horaires d’ouverture, mais cette fois-ci, sans contrepartie en matière de conditions de travail. La durée du projet expérimental de 2 ans passée, les mêmes milieux veulent aujourd’hui pérenniser la mesure et augmenter l’horaire du samedi jusqu’à 19h, le tout au détriment des conditions de travail.

Il est hors de question de laisser encore un peu plus se détériorer les conditions de travail dans le secteur du commerce de détails. Rappelons que cette branche connaît déjà des bas salaires, ainsi que des horaires de travail éprouvants. Etendre l’horaire des ouvertures de ces magasins revient à flexibiliser encore un peu plus les horaires de travail. De plus, la branche (en dehors de la vente des denrées alimentaires) a été particulièrement touchée par la crise ce qui implique que pour beaucoup de salarié-es, les RHT couvrent seulement 80% de leur (bas) salaire, il devient impossible de vivre correctement à Genève ! Enfin, c’est un enjeu d’égalité car encore une fois, c’est aux femmes qu’on demande des sacrifices : travailler davantage, toujours plus tard, pour ne pas gagner plus… Tout ça en devant s’occuper bien souvent d’enfants.

A quoi bon sacrifier les conditions de travail et s’assoir sur le partenariat social ? Les milieux patronaux et les partis de droite brandissent la solution des horaires d’ouverture pour relancer la santé des commerces. Mais quelle erreur ! Toutes les études prouvent que deux facteurs nuisent aux commerces genevois : le tourisme d’achat en France voisine à cause de la différence de prix et le commerce sur internet.

En effet, 1 CHF dépensé la semaine ne sera pas dépensé le dimanche même si celui-ci est ouvert ! L’enjeu premier n’est donc pas celui de l’ouverture des magasins mais du pouvoir d’achat. Etendre les horaires n’améliorera pas le pouvoir d’achat et ainsi la relance économique. En revanche, aider les personnes les plus précaires ou encore revaloriser les plus bas salaires aidera à la consommation locale.

C’est pourquoi, le PS s’engage avec les syndicats et l’Alternative à lancer un référendum contre cette modification de la LHOM.

Thématiques associées: Emploi

A lire aussi

Par Thierry Apothéloz

Former, qualifier, réinsérer : les défis de cette législature

Notre canton vit une situation paradoxale : alors que l’économie se porte incroyablement bien et que les recettes fiscales des entreprises battent des records, le nombre de personnes en...

Par Cyril Mizrahi

Il faut une assurance perte de gain pour tout le monde !

Aujourd’hui, une personne salariée ou indépendante qui tombe malade n’a pas toujours de revenu de remplacement. De même, seules les personnes salariées qui travaillent plus de 8 heures par...

Par Florian Schweri

Salaire minimum: une vie digne pour tout le monde

« Pour la dignité des travailleuses et travailleurs : sauvegardons les salaires minimaux cantonaux ». Avec ce titre, la résolution présentée à l’initiative de la délégation...