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Notre patrie n’est ni une barque pleine, ni une baignoire qui déborde !

Léna Strasser
Députée au Grand Conseil — Formatrice d'adultes

La Suisse à laquelle j’appartiens est solidaire. La Suisse pour laquelle je m’engage est forte d’une diversité culturelle au-delà de ses 4 langues nationales. Ce sont les valeurs de cette Suisse-là qu’il nous incombe de défendre.

Aujourd’hui, 1 personne sur 8 dans le monde a migré ou a été déplacée ! La Suisse se pose depuis des décennies en exemple de prospérité, de stabilité politique et de respect des droits humains.

Cependant, notre succès repose en grande partie sur notre ouverture aux idées, aux talents et aux cultures du monde entier. L’histoire de la Suisse est marquée par l’apport inestimable de personnes venues d’ailleurs qui ont contribué à bâtir notre pays.

Pourtant, alors que le monde est confronté à des défis humanitaires majeurs, le nombre de murs et d’entraves au mouvement des populations a explosé ! Il est crucial que, en tant que pays aux valeurs solidaires et progressistes, nous examinions de près notre rôle et nos responsabilités.

La mobilité des personnes est un droit. Il est temps que nous changions de modèle face à la migration. Le repli n’est plus une solution. Les guerres, les persécutions, la pauvreté et aujourd’hui le changement climatique poussent nombre de personnes sur la route. Le système actuel, négocié avec nos voisins, montre clairement ses limites et pire, attise les relents identitaires.

Nous nous devons de replacer les droits humains au centre de notre attention et de revenir à des pratiques permettant non seulement de rendre sûres les voies migratoires mais également de voir la migration comme une opportunité pour notre société, notre tissu économique, notre futur.

Des efforts doivent être faits également dans notre pays d’abord pour lutter contre les diverses entraves à l’embauche des personnes issues de la migration, qu’elles soient administratives, comme les difficultés liées à certains types de permis, ou liées à des préjugés. Ensuite il est nécessaire de penser à long terme notre capacité à accueillir humainement les personnes cherchant refuge chez nous, en leur fournissant des lieux d’accueil et un accompagnement dignes et en mettant fin aux renvois contraints. Enfin, notre pays doit faciliter l’accès à la régularisation et à la naturalisation pour ses résidents, ainsi qu’élargir l’accès aux droits civiques car seule la reconnaissance permet la création de racines solides. L’écrivain Amin Maalouf l’image bien[1] : “Pour aller résolument vers l’autre, il faut avoir les bras ouverts et la tête haute, et l’on ne peut avoir les bras ouverts que si l’on a la tête haute.”



[1] « Les identités meurtrières », Amin Maalouf, Grasset, 1998

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