Aller au contenu directement

Plus d’argent pour Frontex: c’est non!

Léna Strasser
Députée au Grand Conseil — Formatrice d'adultes

“Samos, the faces of our borders” du réalisateur Shams Abou El Enein, “Les vivants, les morts et les marins” de Pia Klemp ou encore “Lesbos, la honte de l’Europe” de Jean Ziegler sont autant de témoignages documentés et effrayants de ce que la politique migratoire européenne a de pire.

Camps fermés, conditions inhumaines et attente, refoulement à l’entrée des Balkans, morts par noyade en Méditerranée et morts aux frontières (plus de 44’000 décès recensés entre 1993 et 2021[1], sans compter ceux qui n’ont pas été recensés), renvois en Lybie où les conditions de détention sont déplorables et les cas de tortures fréquents : autant de réalités auxquelles les personnes cherchant refuge se confrontent.

Frontex, agence de protection des frontières de l’Union Européenne, est au cœur de l’arsenal de mise en œuvre de ces politiques migratoires. Elle est soutenue par la Suisse depuis 2009. Le 15 mai, le peuple suisse décidera s’il accepte, ou non, l’augmentation du soutien financier à Frontex qui passerait de 24 à 61 millions jusqu’en 2027. Cet argent sert notamment à financer et à équiper de façon high-tech les équipes de gardes-frontières, bras armés de l’agence.

Voulons-nous continuer de soutenir une vision d’un droit d’asile dépeint comme une menace à combattre ? Est-ce ainsi que nous envisageons l’accueil de celles et ceux qui fuient conflits ou dictatures ? Certainement pas !

La crainte évoquée dans le camp du soutien au renforcement de Frontex est une potentielle menace pour la Suisse de se voir expulsée de l’accord Schengen. Or cela semble bien improbable :  les critiques contre les pratiques de Frontex enflent partout en Europe. Le directeur de l’agence vient de quitter son poste sur fonds d’accusations de refoulements illégaux (pushbacks) de personnes migrantes soulevés par une enquête anti-fraude.

Dans ce contexte, l’impact d’un refus Suisse permettra de poser la nécessité d’un changement de pratique. La liberté de mouvement au sein de l’Europe et nos liens étroits avec l’Union Européenne doivent se poursuivre, mais les pratiques discriminatoires, contraires aux droits humains et militarisés de Frontex ne doivent pas être soutenues davantage par notre pays. Augmenter les finances de Frontex : c’est non le 15 mai.

[1] unitedagainstrefugeedeaths.eu

A lire aussi

Par Sylvain Thevoz

Gaza, Genève peut, Genève doit agir!

Dans un parlement où la gauche n’occupe que 33 sièges sur 100 (PS 18, Verts 15), le Grand Conseil a voté en urgence, par 57 oui, 12 non et 18 abstentions ce vendredi 1er mars, sans examen...

Par Léna Strasser

Notre patrie n’est ni une barque pleine, ni une baignoire qui déborde !

La Suisse à laquelle j’appartiens est solidaire. La Suisse pour laquelle je m’engage est forte d’une diversité culturelle au-delà de ses 4 langues nationales. Ce sont les valeurs de cette...

Par Carlo Sommaruga

CH-UE: Avec les syndicats pour sortir de l’impasse

Depuis l’arrêt, en mai 2021, par le Conseil fédéral des négociations sur l’accord-cadre entre la Suisse et l’UE, les deux parties cherchent à retrouver le chemin d’un nouveau cadre...